Les révélations du magazine So Foot constituent l’élément déclencheur des ennuis du patron de la FFF. Dans une enquête intitulée «Ma Fédé va craquer», parue le 8 septembre 2022, le mensuel publie trois extraits de SMS non datés et à caractère sexuel, supposément envoyés par le dirigeant breton dont auraient été destinataires des collaboratrices actuelles ou passées de la Fédération. L’article de So Foot épingle plus généralement la gestion mais aussi la personnalité de celui qui est appelé en interne le «Prez» (le président), qui était en poste depuis 2011, et les conflits autour de la clivante directrice générale Florence Hardouin.

Noël Le Graët a beau nier farouchement l’envoi de ces SMS et ne pas se sentir menacé, l’émoi est général et les conséquences désastreuses pour l’image de la FFF, qui porte plainte en diffamation contre So Foot. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera déclenche les hostilités en invitant «NLG» à un «moment d’échange» le 16 septembre.

À l’issue de l’entrevue entre Noël Le Graët et Amélie Oudéa-Castera, le ministère des Sports lance une mission d’audit et de contrôle au sein de la FFF confiée à l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Pendant ce temps, les langues commencent à se délier puisque Radio France diffuse le 12 octobre de nouveaux témoignages d’ex-salariées de la FFF évoquant un comportement «inapproprié» de Le Graët, ce que ce dernier «conteste fermement», dénonçant des allégations «mensongères et malveillantes».

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La Coupe du monde au Qatar est une parenthèse enchantée pour Le Graët et la Fédération, qui pensent profiter du parcours remarquable de l’équipe de France jusqu’en finale pour écarter les gros nuages qui planent au-dessus de l’institution. Le sélectionneur Didier Deschamps est ainsi prolongé le 7 janvier jusqu’au Mondial 2026. Mais dès le lendemain, une petite phrase du patron de la FFF va faire l’effet d’une bombe. Déjà habitué aux propos polémiques concernant l’homophobie ou le racisme, Le Graët ose cette fois s’attaquer frontalement à Zinédine Zidane, l’icône du football et du sport français.

Interrogé par RMC pour savoir si l’ex-entraîneur du Real Madrid, qui faisait office d’option N°1 à la tête des Bleus en cas de non-renouvellement du contrat de Deschamps, l’avait appelé, Le Graët se lâche complètement et se montre cassant. «Je ne l’aurais même pas pris au téléphone», déclare-t-il. «J’en n’ai rien à secouer, il peut aller où il veut», ajoute-t-il en référence à des propositions reçues par Zidane, actuellement sans club.

NLG, pourtant peu adepte des mea culpa, est obligé de s’excuser dès le lendemain. Mais cette sortie fait tout de même bondir une bonne partie de la classe politique, qui réclame son départ. Amélie Oudéa-Castera, devenue au fil des semaines une de ses principales voix critiques, appelle le 9 janvier le comité exécutif de la FFF à «prendre ses responsabilités», faisant le constat «d’une faillite sur la fonction de représentation» de la part du «Menhir».

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Le 11 janvier, le «Comex» de la FFF décide de la mise en retrait, jusqu’à la remise de l’audit, du président, remplacé par intérim par Philippe Diallo, et met à pied Florence Hardouin. Une enquête est ensuite ouverte le 16 janvier par le parquet de Paris pour harcèlement moral et sexuel visant Noël Le Graët à la suite d’un signalement effectué après le témoignage de Sonia Souid, agente de plusieurs internationales françaises, recueilli par les auditeurs de l’IGESR. Le Graët dément dans un communiqué transmis à l’AFP «toutes (les) accusations de harcèlement moral ou sexuel ou toutes autres infractions pénales».

Le rapport de la mission d’audit sur la FFF, remis le 15 février, n’épargne pas le Breton. Il pointe les «dérives de comportement» du président de la FFF, «incompatibles avec l’exercice des fonctions et l’exigence d’exemplarité qui lui est attachée.» En conséquence, le dirigeant «ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français». Le 28 février, Le Graët annonce sa démission et est remplacé jusqu’en juin par le vice-président de la FFF Philippe Diallo.