Pourquoi avoir choisi de titulariser Jonathan Danty au centre ?Fabien Galthié : Je l’ai croisé ce matin. Je lui ai dit : «Je suis sûr qu’il y aura une question sur toi. Tu as quelque chose à dire ?» Il m’a donné sa réponse : «Je suis chaud». Il a tout dit et on a tout compris. « Jo » est assez clair dans sa vision. Quand on est parti en Australie (tournée d’été 2021), j’avais prévu de le remettre sur le terrain pour le troisième et dernier test. Il était venu nous voir pour nous dire qu’il ne pouvait pas, qu’il n’était pas en état de jouer. Ce n’est pas la première fois qu’il nous avertit sur son état. Il se connaît bien et nous le suivons. Il y a une dimension psychologique et, surtout, la confiance qui existe entre nous. On avance ensemble. On forme un seul groupe… Lundi, je lui ai demandé comment ça va – il avait une petite angine -, il m’a répondu : «Je suis prêt». Mardi, je lui ai redemandé, il m’a répondu «je suis prêt». Mercredi matin, pareil. Et ce matin, il m’a dit : «Dis-leur que je suis chaud»…
Pourquoi avoir titularisé Dorian Aldegheri , de retour en bleu deux ans après sa dernière sélection, plutôt que Sipili Falatea, finisseur attitré depuis plusieurs mois, au poste de pilier droit ? C’est une question que l’on s’est beaucoup posée. Sipili nous a donné beaucoup de satisfaction pendant près de 70 minutes contre l’Écosse au sein d’une mêlée réduite à 7 après l’expulsion de Momo Haouas… On lui a toujours fait confiance. Même quand il jouait peu à Clermont, on sentait un gros potentiel. C’est un jeune joueur en apprentissage à un poste difficile. Il est formidable, il répond de la meilleure façon aux challenges qui lui sont proposés. Thomas Laclayat (Oyonnax, Pro D2) fait également de très bons entraînements avec nous. Lui aussi est en développement. Dorian, lui, joue au Stade Toulousain où il est en train de devenir numéro 1 à son poste. Son niveau en club cette saison nous apporte des garanties. On avait donc trois profils à disposition. On a tranché par rapport à la connexion entre les joueurs. Titulariser Dorian, c’est l’associer à Julien (Marchand) et Cyril (Baille), des enfants qui ont grandi ensemble au Stade Toulousain. On a donc préféré commencer avec cette première ligne, en sachant que Sipili apportera toute l’énergie nécessaire pour finir le match.
Vous dérogez à votre banc avec 6 avants et 2 trois-quarts en passant en 5-3. Pour quelles raisons ?Il faut être flexible et prendre les bonnes décisions en fonction des ressentis. Le 6-2 nous a plutôt réussi, même si, parfois, ce fut emprunté. Là, il nous semble plus cohérent de faire un banc à 5-3. Si on démarre avec « Jo », on peut imaginer que Yoram (Moefana) sera utilisé comme finisseur. Et Charles (Ollivon) peut passer en deuxième-ligne si besoin.
Grégory Alldritt semble moins souverain depuis le début du Tournoi…Dans le parcours d’un joueur de rugby, on a le droit parfois d’être un peu moins souverain. Les compétiteurs le comprennent, l’acceptent et y répondent. Contre l’Écosse, il avait commencé à y répondre. Mais, du fait du carton rouge de Momo Haouas, on a dû le sortir rapidement. On lui a dit qu’on s’en voulait… Grégory est là. Il va répondre à votre jugement. Ça va venir, vous allez voir. Attendez un petit peu…
Même si l’Angleterre traverse actuellement une mauvaise passe, cela reste un rendez-vous particulier de l’affronter à Twickenham ? Bien sûr… Tout est possible. Personne ne sait ce qu’on va vivre à Twickenham. C’est un point d’interrogation. L’Angleterre fait partie des géants du rugby mondial, y compris quand elle traverse des moments un peu plus difficiles. On les respecte aussi parce que les Anglais sont fiers et orgueilleux.
Espérez-vous vraiment pouvoir encore remporter ce Tournoi ?Au classement, les Irlandais sont devant. Mais la particularité, la marque de cette équipe de France depuis trois ans, c’est qu’elle est opiniâtre. Elle a la volonté de ne pas lâcher le trophée. Depuis 33 matches, elle s’est toujours battue avec des scénarios difficiles, il a fallu s’employer. Les joueurs ont fait tout ce qui était possible pour laisser moins de place possible à l’incertitude, pour relever ce défi majuscule. La compétition est en cours. Elle n’est pas terminée…
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Le contenu des derniers matches de votre équipe vous inquiète-t-il ? Malgré la défaite, on a trouvé le contenu contre l’Irlande fantastique. L’Irlande a su nous battre. Il faut l’accepter et retenir les leçons. Mais de là à remettre en question tout ce qu’on fait depuis trois ans et 33 matches… C’est un grand test pour notre équipe qui va beaucoup apprendre à Twickenham. Les joueurs vont beaucoup apprendre d’eux. Il y aura beaucoup à retenir de ce match, que son issue soit positive ou négative. Il nous servira à avancer et à grandir.
Propos recueillis en conférence de presse
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