Les marchés financiers mondiaux reculent fortement ce vendredi, les investisseurs se montrant inquiets pour le secteur bancaire après un signal d’alerte d’une banque régionale américaine. Les trois indices de Wall Street ont perdu plus de 1,5% jeudi à cause des difficultés que rencontre la Silicon Valley Bank, établissement californien proche du secteur technologique. Ces craintes ont gagné les places boursières européennes et asiatiques.
En milieu de matinée à la Bourse de Paris, le titre de Société Générale perd 4,96% à 25,40 euros, BNP Paribas 3,38% à 60,52 euros et Crédit Agricole 2,94% à 10,97 euros. Ailleurs en Europe, la banque allemande Deutsche Bank perd 8,08%, la britannique Barclays 3,83%, l’italienne Intesa Sanpaolo 3,06% et la suisse UBS 4,45%. À Hong Kong, les banques HSBC et Standard Chartered chutent vendredi de plus de 3%, Hang Seng Bank plus de 4%. Même dérive au Japon où les actions des principales banques japonaises sont pénalisées.
SVB Financial Group a annoncé mercredi une augmentation de capital importante et la vente dans la précipitation d’actifs, ce qui lui a valu une perte estimée à 1,8 milliard de dollars. SVB cherche ainsi à augmenter ses liquidités pour renforcer son bilan, fragilisé par des retraits de clients, eux-mêmes en difficulté par la hausse des taux d’intérêt. Les craintes des investisseurs ont été renforcées par le fait que la maison mère d’une autre banque, Silvergate Bank, avait annoncé mercredi que l’établissement allait être mis en liquidation.
«Alors que la chute de Silvergate Capital était principalement liée aux cryptoactifs et n’a pas suscité d’inquiétudes pour le reste du secteur bancaire, le plongeon de SVB a alimenté les craintes que le reste des banques puisse également connaître des problèmes similaires», s’inquiète Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. «Nous avons connu des taux zéro pendant plusieurs années et les banques ont fonctionné d’une certaine manière», commente Jens Nordvig, d’Exante Data and Market Reader. «Certaines banques vont rencontrer des difficultés face à un environnement totalement différent».
Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management, se veut cependant rassurant et explique que« le risque de contagion des petites aux grandes banques est faible» compte tenu de la réglementation actuelle.
Société Générale recule de 5,41% à Paris, Deutsche Bank de 8,23% à Francfort, Unicredit de 4,75% à Milan, Barclays de 5,48% à Londres vers 08H35 GMT. À Tokyo, Mitsubishi UFJ Financial Group (-6,12%), et Nomura Holdings (-3,57%) ont été pénalisées. À Hong Kong, Bank of China a cédé 1,35% et China Construction Bank 1,21%. À l’inverse les actifs moins risqués étaient très recherchés. L’or a bondi jeudi, sur deux jours il affiche une progression de 1,10% à 1.833,31 dollars l’once.
Les taux obligataires, qui évoluent dans le sens inverse du prix des obligations, chutent, également le signe d’une ruée des investisseurs vers les actifs refuges. Le taux d’intérêt de la dette allemande à 10 ans vaut 2,49% contre 2,64% à la clôture de la veille. Les taux américains ont aussi décroché ce jeudi. Le bitcoin chutait en revanche de plus de 7% depuis jeudi soir et repassait sous les 20.000 dollars pour la première fois depuis janvier.
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