Et de sept ! Les syndicats souhaitaient une mobilisation massive ce samedi afin d’attaquer les jours à venir en position de force, à l’orée d’une semaine décisive, où le gouvernement espère voir la réforme des retraites définitivement adoptée après un parcours parlementaire chaotique.

«C’est la dernière ligne droite (…) C’est maintenant que ça va se jouer», a déclaré la secrétaire générale ajointe de la CFDT Marylise Léon interrogée sur franceinfo ce samedi. «Il faut mobiliser, y compris par le blocage», a de son côté affirmé sur RMC le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot, soulignant que «sur les ronds-points, les zones industrielles, les équipes sont là et la mobilisation, elle est massive et déterminée».

Mardi, les syndicats ont une nouvelle fois fait la preuve de l’opposition très forte au projet de réforme, avec un record de manifestants (1,28 million de personnes selon le ministère de l’Intérieur, plus de trois millions selon l’intersyndicale) – sans toutefois parvenir à mettre le pays «à l’arrêt» comme ils en avaient émis le souhait.

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La carte est mise à jour au fil de la journée.

Mais les manifestants, partagés samedi entre fatalisme, colère, et parfois, espoir de faire reculer le gouvernement, sont loin de remplir les cortèges. Sans doute la manifestation de trop cette semaine. À 17 heures, les manifestants étaient au nombre de 237.000 selon les données communiquées par les préfectures contre 656.000 à la même heure le samedi 11 février et 900.000 mardi 7 mars.

De source policière, la participation samedi pourrait atteindre 800.000 à un million de personnes dans les 230 manifestations prévues en France, dont 70.000 à 100.0000 à Paris.

Ce 11 mars marquera la deuxième journée de mobilisation pendant le week-end, afin de permettre aux salariés d’y participer sans avoir à poser un jour de grève. Le 11 février, 963.000 personnes étaient descendues dans la rue selon le ministère de l’Intérieur, et plus de 2,5 millions selon la CGT. Une mobilisation encore importante alors que deux zones étaient en congés.

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Pour contrer ce qu’il dénonce comme l’« opposition méthodique » de la gauche à la Chambre haute, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a été contraint de demander un vote unique sur l’ensemble de sa réforme pour donner un coup d’accélérateur aux débats. De quoi raviver la colère des opposants. La chambre haute a jusqu’à dimanche minuit pour se prononcer, une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs devant se tenir mercredi avant un vote définitif dans la foulée dans les deux chambres.

Mais il semble incertain que le gouvernement parvienne à trouver une majorité de députés pour approuver le texte. Et malgré les vents contraires, Élisabeth Borne espère encore que la réforme aboutira sans recourir au couperet du 49.3 (loi sans vote).

«Le recours au 49.3 pour un projet de loi qui n’aura pas été discuté serait une forme de blocage démocratique inacceptable», a prévenu mardi Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT a regretté vendredi le refus du président de la République de rencontrer les syndicats, comme ils lui en avaient fait la demande dans un courrier solennel jeudi. «Quand des millions de personnes sont dans la rue (…), quand il y a des grèves et qu’en face il n’y a rien, silence, les gens se disent ‘qu’est-ce qu’il faut faire de plus pour être entendu ?’», a déploré, pour sa part, vendredi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

La dernière vague de l’étude Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro révèle que, en cas de nouveaux blocages, le pays en tiendrait davantage rigueur à l’exécutif qu’à l’intersyndicale.

«Depuis de nombreux mois, le gouvernement espère sans doute que les Français finiront par se lasser des mobilisations», pointe Gaël Sliman, directeur d’Odoxa. Or, dans ce bras de fer avec l’intersyndicale, les études d’opinion confirment semaine après semaine que le gouvernement a déjà perdu la bataille de l’image.