Documentaire de Laura Poitras, 1h57
Fin 2017, l’Américaine Nan Goldin se lance dans un nouveau combat: l’activisme contre la famille Sackler, responsable, dit-elle, de la crise des opiacés aux États-Unis et dans le monde. En compagnie d’autres artistes et militants, la photographe des folles années 1980 fonde un collectif qui prône la réduction des risques sanitaires et la prévention des overdoses. Le film de Laura Poitras sur cette croisade, Toute la beauté et le sang versé, est parfaitement construit, souvent à travers le récit de l’artiste, son échappée belle de sa famille répressive, son arrivée à New York au sein d’une communauté gay qui l’accueille et la fascine. Toute son œuvre photographique est là, dans cette intimité du beau et du laid, de l’amour et de son antithèse, la violence, la maladie, le sida, la perte brutale de ce monde rêvé. V. D.
À lire aussiLa croisade de Nan Goldin contre les opiacés, récompensée à Venise, battue aux Oscars
Drame de Fabian Hernandez, 1h22
Carlos vit dans un quartier pauvre de Bogota. Sa mère est en prison et Noël approche. Il veut l’aider. Pour cela il faut intégrer une « bande » de vendeurs de drogue. Il faut aussi devenir un « varón », machiste et musclé. En se concentrant sur la quête d’identité d’un jeune Colombien qui peine à se reconnaître dans cette image du vrai homme, Fabian Hernandez évite les clichés et la glorification de la violence. P. B.
Comédie dramatique de Jennifer Devoldere, 1h45
Léopold (Melvin Boomer, le JoeyStarr de la série Le Monde de demain) est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons. Sa mère est morte d’un cancer neuf ans auparavant. Quand il rate pour la seconde fois le concours d’entrée de médecine, il n’a pas d’autre choix que d’intégrer l’école de sages-femmes. Son pote bourgeois, recalé lui aussi, a les moyens de partir étudier en Hongrie. Pas Léopold, qui enfile la blouse rose mais envisage de tenter en troisième année de rebasculer en médecine – une passerelle est possible. En attendant, il ronge son frein et ment à son père, trop machiste pour accepter que son fils s’engage dans la voie de l’obstétrique. Léopold finit par trouver sa place en salle de naissance, jusqu’à une très belle scène qui le voit laver et habiller un bébé mort-né avant de le montrer à ses parents. À la vision de Sage Homme, on se dit que Thomas Lilti, le médecin devenu cinéaste (Hippocrate, Un médecin de campagne, Première année), a fait des petits. Ou du moins une petite, Jennifer Devoldere. Elle aime le rose. Elle a surtout du talent pour accoucher d’un personnage hospitalier original sur un terrain archi balisé par le cinéma et la télévision. E. S.
À lire aussiNotre critique de Sage homme: naissance d’une vocation
Biopic de Frances O’Connor, 2h10
Jalouse, va. Sa sœur lui dit qu’elle a écrit un livre ignoble. Emily est mourante et c’est tout ce que Charlotte trouve à faire. Elle ne veut pas croire que Les Hauts de Hurlevent aient nécessité seulement une plume et du papier. Effectivement, il y a autre chose. Cette chose s’appelle William Weightman. C’est le nouveau vicaire, vague sosie de Daniel Day-Lewis, au charme duquel Emily ne demeure pas insensible. La demoiselle est brune et originale. Dans le village, on la surnomme «la bizarre». Elle tient à être à la hauteur de sa réputation. S’affubler d’un masque, faire parler les esprits, pour elle, il s’agit d’un jeu d’enfant. Il n’est pas question qu’elle devienne institutrice. Rêver, inventer des histoires, rester fidèle à ses songes et à son imagination, voilà son programme. Elle n’avait pas prévu de tomber amoureuse. Cette Emily est un tourbillon en robe à motifs. Emma Mackey soutient de bout en bout cette genèse d’un chef-d’œuvre. Elle est sauvage, tourmentée: une abeille contre la vitre. Il est toujours plaisant de se rouler dans le mélodrame, de suivre à la trace une figure d’écrivain. Frances O’Connor affiche un classicisme qui relève presque de l’audace. Elle multiplie les courses au ralenti sur la lande, s’offre une musique un chouïa envahissante, a parfois tendance à confondre le romantisme avec des gracieusetés champêtres à la Terrence Malick. E. N.
À lire aussiNotre critique d’Emily: dans la famille Brontë, on demande Emily
Thriller d’Elizabeth Banks, 1h35
Cocaïne Bear sort aujourd’hui en France sous un titre édulcoré, Crazy Bear, euphémisme étrange dans un pays qui se prétend dépourvu de préjugés dès lors qu’il s’agit d’art. Autant appeler un chat un chat, et un ours camé un ours camé. Le héros du film d’Elizabeth Banks n’a rien de fou. Il s’agit bien d’un ours accro à la cocaïne. La faute d’un trafiquant de drogue qui balance une cargaison de poudre alors que son avion survole un parc naturel en Georgie avant de se crasher. Ce scénario improbable est inspiré d’une histoire vraie survenue en 1985. Humour intermittent, Elizabeth Banks en tire une comédie noire et gore. Dans ses meilleurs moments, Crazy Bear ressemble à un Tex Avery déjanté. Mais son humour cartoonesque est trop intermittent. Quitte à être idiot, Crazy Bear aurait pu être beaucoup plus méchant et beaucoup plus drôle. E. S.
À lire aussiNotre critique de Crazy Bear: grizzli sur la chnouf
Drame de Mounia Meddour, 1h38
La réalisatrice de Papicha revient avec cette histoire de rédemption où, après une agression, une danseuse doit renoncer à ses rêves. Cette version algérienne d’En corps souffre d’une certaine mièvrerie mais reste touchante. E. N.