La dernière livraison d’armes à l’Ukraine est pour le moins singulière. Trois épées en fer rouillé et une tête de hache en pierre polie. À l’heure où le président Volodymyr Zelensky sollicite toujours plus d’armes et de munitions, l’étrange ensemble présenté le 10 mars à l’ambassade d’Ukraine à Washington paraît pour le moins incongru. La première puissance mondiale ne dispose-t-elle plus que d’antiquailles à aligner face aux armées russes ? Rien de cela. Ce jour-là, les États-Unis n’offraient pas, mais restituaient.
Le service américain des douanes et de la protection des frontières a remis un lot d’armes anciennes saisi début septembre à l’aéroport international John-F.-Kennedy de New York. Selon les informations communiquées par les douanes, cet ensemble était parvenu aux États-Unis par deux colis distincts ; le premier a été envoyé depuis la région de Krasnodar, en Russie, à l’est de la péninsule de Crimée, et le second provenait «du territoire ukrainien». Le destinataire est une personne connue des services américains et à qui ont été envoyés plus de vingt paquets du même genre entre juillet et septembre dernier.
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D’après les archéologues ukrainiens de l’Académie nationale des sciences dépêchés sur place pour authentifier les objets, les trois épées dateraient des environ du VIe-Ve siècle avant notre ère, selon un journaliste de Foreign Policy présent lors de la restitution. Soit des armes du milieu de l’âge du Fer, possiblement scythe. Tous les objets, dont la tête de hache en pierre polie, ont été estimés provenir du territoire ukrainien par les experts mobilisés. «Les Ukrainiens qui tenaient ces épées il y a plusieurs siècles se battaient probablement pour leurs foyers, comme nous nous battons aujourd’hui», a déclaré lors de la cérémonie l’ambassadrice d’Ukraine Oksana Markarova, en amalgamant les populations anciennes et actuelles du pays.
En novembre, le Conseil international des musées (Icom) a lancé une liste rouge de biens culturels ukrainiens en danger, afin de préparer les autorités internationales et les professionnels du monde de l’art à l’afflux attendu d’objets pillés en Ukraine. Selon le ministre de la Culture ukrainien, 40 musées auraient été pillés depuis le début du conflit russo-ukrainien, notamment à Kherson et à Marioupol. Selon l’Unesco, 207 sites culturels ukrainiens ont été détruits ou endommagés depuis le début de l’invasion russe, en février dernier.