Le président controversé de la future COP28, prévue en fin d’année aux Émirats arabes unis, a poursuivi ce vendredi une visite à Paris. Destinée à assurer de ses ambitions en matière climatique, elle était accueillie avec «scepticisme» par les ONG.
Ministre émirati de l’Industrie et patron du géant pétrolier national ADNOC, Ahmed al-Jaber a été désigné mi-janvier président de la prochaine grande conférence de l’ONU sur le climat, suscitant la stupeur des défenseurs de l’environnement. Dans le cadre d’une tournée qui l’a mené récemment aux États-Unis, il a rencontré jeudi à Paris le président Emmanuel Macron et a été reçu par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ce vendredi, Ahmed al-Jaber a aussi rencontré au Conseil Constitutionnel des «personnalités qualifiées dans le domaine du climat» en présence de Laurent Fabius, président de la COP21 qui s’était tenue à Paris en 2015, mais en l’absence de la presse.
Durant ses rencontres, le représentant a «mis l’accent sur […] le besoin de réformer les institutions financières multilatérales pour débloquer des capitaux pour les technologies propres, les efforts de transformation», a notamment souligné la Cop28 dans un communiqué. En outre, face au chef de l’État français, Ahmed al-Jaber a souligné «son envie de travailler avec le président Macron», notamment lors du futur sommet pour un «pacte financier mondial», prévu en juin 2023. «Nous devons définir clairement comment l’élan politique généré en juin pourra mener à des actions concrètes à la COP28», a-t-il commenté.
Cette visite était critiquée par des associations. «Sa présidence suscite beaucoup de scepticisme quant à ses réelles intentions d’accélérer la lutte contre le changement climatique», s’est inquiété dans un communiqué le Réseau action climat (RAC), qui fédère une vingtaine d’ONG françaises. «Le conflit d’intérêts incarné par la présidence compromet la crédibilité des Émirats arabes unis sur la scène internationale et risque de peser sur l’issue des négociations. Il s’agit tout simplement d’une prise de contrôle des intérêts des énergies fossiles dans les négociations internationales climatiques», a-t-il dénoncé.
Ahmed al-Jaber qui, au cours de sa carrière, a été impliqué dans le projet de ville écologiste futuriste Masdar, a souligné, lors de sa visite au siège de l’AIE, «le rôle vital que le secteur de l’énergie doit jouer pour se décarboner et aider d’autres secteurs industriels à le faire». «Toutes les sources sont nécessaires pour répondre à la demande croissante d’énergie», affirme par ailleurs la présidence de la COP28 dans un communiqué.
Après l’Inde, les États-Unis et l’Europe occidentale, Ahmed al-Jaber entend poursuivre ce qu’il qualifie de «tournée d’écoute internationale» dans des pays en développement. La COP28 verra la publication du premier bilan mondial («global stocktake») des progrès réalisés par chaque État pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de 2015, visant à limiter le réchauffement à bien moins de 2°C, et de préférence à 1,5°C. Quelque 70.000 personnes sont attendues à cette conférence internationale sur le climat à Dubaï prévue du 30 novembre au 12 décembre.