Vladimir Poutine, dont les troupes peinent à mener une percée décisive dans le Donbass (Est), s’apprêterait à recruter 400.000 nouveaux soldats, a prévenu le renseignement britannique jeudi 30 mars, dans son brief quotidien. En septembre dernier, 300.000 Russes avaient été contraints de s’engager sous les drapeaux russes pour pallier les pertes en Ukraine. Pour y échapper, près de 700.000 Russes s’étaient enfuis, selon Forbes.
Pour éviter le même scénario, le Kremlin pourrait présenter cette campagne de recrutement comme reposant sur le volontariat. «Il est très peu probable que la campagne attire 400.000 véritables bénévoles», souligne toutefois le renseignement britannique. En comptant les tués et les blessés, le renseignement américain évalue les pertes russes à 188.000 soldats, selon une dernière estimation de la fin du mois de janvier.
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«La première vague a été non anticipée et conduite dans des conditions chaotiques. Il fallait recruter vite, massivement, avec des listes de réservistes périmées et des objectifs à remplir au niveau régional. Les rafles indiscriminées d’hommes en étaient la conséquence», rappelait Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés postsoviétiques, début mars. Pour cela, les listes d’hommes mobilisables ont été numérisées et une base de données unifiée doit voir le jour le 1er avril 2024.
Anna Colin Lebedev soulignait également que le Kremlin n’aurait pas besoin d’un nouveau décret ou d’une nouvelle annonce pour reprendre sa mobilisation. Il pourrait demander aux autorités locales de convoquer les hommes en âges de porter les armes pour des «vérifications», les mobilisant ensuite. «Le pouvoir central a délégué aux régions la responsabilité de tout ce qui se passe par rapport à la mobilisation» ajoutait-elle auprès du Figaro .
Une telle mobilisation serait utile militairement à la Russie, si la qualité de l’entraînement est importante, et si elle dispose de suffisamment d’équipements modernes pour les envoyer au front. L’Ukraine, elle, a annoncé une «contre-offensive de printemps» et a renforcé ses troupes aux alentours de Bakhmout, une ville du Donbass qui subit les assauts russes depuis mai dernier. L’arrivée de chars occidentaux, si elle est massive, pourrait être décisive. Les premiers chars Léopard 2 ont déjà été livrés. Sur plusieurs réseaux prorusses, un accroissement des activités ukrainiennes autour de Zaporijjia est scruté de très près.