Christophe Galtier sera jugé devant le tribunal correctionnel de Nice le 15 décembre prochain pour «des chefs de harcèlement moral et de discrimination à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée», des mots du procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme. Ces accusations portent sur sa période d’entraîneur de l’OGC Nice, lors de la saison 2021-22, juste avant de rejoindre le Paris Saint-Germain.
En attendant le procès, de nombreuses personnes ont été auditionnées dans le cadre d’une enquête. Le journal L’Équipe révèle ce que plusieurs membres de l’encadrement de l’OGC Nice ont dit à la police judiciaire. Pour rappel, les accusations, formulées vaguement par l’ancien directeur sportif du club niçois, Julien Fournier, en septembre 2022, ont pris une autre dimension en avril 2023.
Un mail, rédigé par Fournier et adressé à Dave Brailsford, directeur du football d’Ineos, propriétaire de l’OGC Nice, avait alors fuité. On y apprenait que, lors d’un repas au restaurant, Galtier aurait demandé à Fournier qu’il tienne «compte de la réalité de la ville» dans le cadre du recrutement, et que l’équipe ne pouvait pas compter autant de «noirs et de musulmans».
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Selon L’Équipe, Frédéric Gioria, ancien joueur et capitaine de l’OGC Nice dans les années 1990 aujourd’hui entraîneur-adjoint au club, a confirmé avoir entendu Galtier lui-même évoquer cette histoire. Gioria aurait également relaté aux policiers la colère de Galtier en apprenant le recrutement de Billal Brahimi, ailier franco-algérien. «Encore un musulman, j’en veux pas, on en a assez», aurait lâché Galtier. Toujours d’après Gioria, l’entraîneur de 57 ans aurait affirmé que «les pires, ce sont les Algériens» lors d’un entraînement au cours duquel il aurait été agacé par les joueurs Youcef Atal et Hicham Boudaoui, internationaux algériens.
L’Équipe cite aussi le témoignage de Hachim Ali Mbaé, ancien analyste vidéo de l’OGC Nice, aujourd’hui responsable de la cellule vidéo à Strasbourg. Ce dernier a partagé aux enquêteurs le souvenir d’une mi-temps contre Saint-Étienne, en septembre 2021. Galtier aurait qualifié les deux défenseurs stéphanois, Mickaël Nadé et Harold Moukoudi, de «deux King Kong».
Galtier se serait également, durant son année à Nice, opposé contre le ramadan les jours de match. «Ils sont trop dans l’extrême», aurait-il glissé un jour, selon Hachim Ali Mbaé, à propos des joueurs algériens. Le défenseur et international français, Jean-Clair Todibo, a dit à la police avoir reçu des pressions de la part de Galtier pour rompre son jeûne, tout comme Hicham Boudaoui.
Todibo, toujours à Nice, rembobine également une scène en pré-saison, un match amical contre l’Udinese lors duquel lui et son coéquipier Hassane Kamara ont vivement contesté une décision arbitrale. Pas du goût de Galtier qui aurait tempêté : «Jamais vous faites ça ici, on n’est pas dans le 9-3.» Kamara, également interrogé par les enquêteurs, a livré la même version des faits, soulignant avoir déjà été qualifié de «racaille» par son coach.
Quant à Julien Fournier, également interrogé par la police, il a évoqué une réunion le 31 mars 2022, veille du début du ramadan. Lors de cette réunion qui concernait le futur mercato d’été, Galtier aurait demandé le départ de plusieurs joueurs (Atal, Boudaoui, Todibo…), «quasiment que des musulmans», note L’Équipe. Fournier aurait suggéré des recrues, notamment le Turc Ozan Kabak, se heurtant au refus de Galtier. «Julien, tu n’as toujours pas compris. Moi je ne veux plus de noirs ou d’arabes», aurait clarifié Galtier d’après Fournier.
Des perquisitions menées à l’OGC Nice le 14 avril 2023, qui ont également permis de fouiller l’ordinateur personnel de Galtier, n’ont rien donné. Le natif de Marseille a quitté le PSG l’été dernier après une seule saison, décevante sur le plan sportif. Il a rebondi au club qatari d’Al-Duhail, dont il a été nommé entraîneur à la mi-octobre. Depuis le début, y compris lors de sa garde à vue en juin 2023, Galtier nie en bloc les accusations formulées à son encontre.