Trente-quatre jours d’une fermeture qui s’annonce pénible, mais «essentielle». La RATP vient d’annoncer les prochaines dates d’interruption temporaire de circulation (ITC) de la ligne 14 jusqu’au mois d’avril. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont nombreuses : quinze jours d’affilée de fermeture totale de la ligne pendant les vacances de février, tous les week-ends de mars ainsi que le 1er avril. Une annonce qui ne passe pas inaperçue, après l’épisode douloureux de la Toussaint, lorsque la fermeture de la ligne avait déjà occasionné un report important de voyageurs sur les autres lignes, en particulier sur la ligne 13.
«La ligne 14 sera fermée du dimanche 11 février au dimanche 25 février inclus (…) Cela nous permettra de mettre définitivement en service le nouveau système de pilotage automatique sur la ligne existante dès le lundi 26 février, et de continuer en parallèle les tests sur les prolongements, notamment au sud entre Orly et Saint-Denis Pleyel», précise la RATP, qui en profite pour rappeler que «l’interruption de deux semaines durant les vacances de la Toussaint 2023 avait permis de finaliser les tests du nouveau système de pilotage sur la ligne existante». Des travaux «essentiels», souligne-t-on en interne, alors que le prolongement de la ligne 14 vers l’aéroport d’Orly au sud et la station Saint Denis-Pleyel au nord doit être prêt pour les Jeux olympiques de Paris 2024.
Le laps de temps nécessaire pour ces travaux n’a pas manqué de faire réagir. «C’est énorme», lance Arnaud Bertrand, le président de l’association Plus de trains, insistant sur le fait que ce n’est évidemment pas le chantier en lui-même qui pose problème, dans la mesure où les usagers seront, selon lui, «les premiers à bénéficier du prolongement de la ligne jusqu’à Orly», mais plutôt les dates choisies pour le réaliser. «Pourquoi ne pas avoir choisi de fermer la ligne entre Noël et le premier de l’an, période à laquelle la fréquentation dans le métro est historiquement basse ?», interroge le représentant d’usagers. Et ce, quitte à «payer davantage», propose-t-il, les agents qui accepteraient de travailler durant cette période de fêtes de fin d’année.
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Cette annonce n’a pas manqué d’énerver les usagers quotidiens de la ligne 14, qui s’avère être en outre la plus performante du réseau. «À quel niveau de ras-le-bol on est là ? Deux semaines entières de fermeture, plus tous les week-ends en mars ! On rappelle que deux semaines de fermeture sont également prévues en avril et en mai», regrette cet internaute sur X (ex-Twitter). Pour les associations d’usagers, pour que le chantier fasse le moins de vague possible, il faut surtout s’assurer que les autres lignes soient renforcées en conséquence. «Car à la Toussaint, le service était mauvais», explique Arnaud Bertrand, qui se questionne : «est-ce que le service était mauvais parce que la ligne 14 est tellement performante qu’on ne peut pas faire “sans” ou est-ce que le service n’a pas été suffisamment renforcé ailleurs ?».
Une colère bien comprise par Île-de-France Mobilités (IDFM), qui exige plusieurs éléments à la RATP. D’abord, «de réduire au maximum les temps d’ITC en 2024», ensuite, «d’améliorer et d’anticiper l’information voyageur», et enfin, «de renforcer les lignes alternatives, en particulier avec une offre de plein trafic pour la ligne 13». Façon, selon l’autorité organisatrice des transports en Île-de-France, de limiter au maximum les perturbations et les conditions de voyage des usagers. «Nous avons conscience que la fermeture de la ligne 14 a un impact sur nos voyageurs. C’est pour cela que nous privilégions les vacances scolaires pour réaliser ces interruptions de trafic longues, période à laquelle le nombre de voyageurs empruntant la ligne 14 diminue légèrement», se défend, quant à elle, la RATP, qui promet que des itinéraires de substitution via d’autres lignes de métro, RER ou bus sont proposés.
«La ligne 13, particulièrement sollicitée pendant les interruptions de longue durée de la ligne 14, sera maintenue à un niveau de plein trafic», promet le groupe, alors qu’un bus de remplacement M14 doit aussi être «mis en place entre Gare de Lyon et Olympiades». En outre, des campagnes de communication sont réalisées avec distribution de flyers, affichage en stations et annonces sonores, et ce, «bien en amont pour que nos voyageurs puissent être informés et prendre leurs dispositions», assure la RATP.
Et les usagers sont prévenus, puisque sur l’affiche déjà déployée dans le métro, ils peuvent lire le message suivant : «nous vous tiendrons informés de la suite des interruptions prévues à partir d’avril 2024». Ce n’est en effet pas la fin des travaux, puisque «de nouveaux tests devront par la suite être réalisés avant d’ouvrir les prolongements de la ligne mi-2024 afin d’accueillir un million de voyageurs par jour». À terme, les usagers devraient néanmoins profiter de toutes ces fermetures : celles-ci devant notamment permettre de réduire de 85 à 80 secondes l’intervalle entre chaque train, sur une ligne qui ira de Saint-Denis à Orly.