Une sortie remarquée. En appelant à «ne pas brusquer les choses» et à éviter que les syndicats ne «sortent humiliés» de la séquence des retraites, Élisabeth Borne a fait entendre une voix dissonante dans un exécutif qui ne cesse de revendiquer sa légitimité démocratique et n’hésite pas à sen prendre directement à la CFDT et son secrétaire général. Interrogé sur BFM TV vendredi matin, Laurent Berger, qui martèle depuis plusieurs jours l’expression de «crise démocratique», s’est déclaré «d’accord» avec Élisabeth Borne «sur le fait qu’il faut de l’apaisement et du respect».

Le secrétaire général de la CFDT n’a pas manqué de souligner que les propos de la première ministre rapportés par le journal Le Monde étaient «plus respectueux» que le message «qui était venu de Chine». L’entourage d’Emmanuel Macron, actuellement en déplacement en Chine, avait condamné mercredi qu’«aucune force sociale et politique, d’opposition» n’ait «voulu entrer dans un compromis et porter un autre projet». «Pour la première fois de son histoire contemporaine, la CFDT n’a pas proposé un autre projet», avait déploré la même source.

Les proches du Président «ne connaissent rien à l’histoire de la CFDT», s’est emporté Laurent Berger en réponse à cette saillie présidentiel. Le même a regretté que le conflit social puisse être «résumé à un combat de coqs» entre Emmanuel Macron et lui. «J’ai du respect pour le président de la République» et «je ne me mets pas à sa hauteur», a expliqué le secrétaire général de la CFDT, très plébiscité dans les sondages d’opinion.

Retraites : la police annonce 570.000 manifestants en France ce jeudi 6 avril

Le leader syndical s’est par ailleurs félicité du niveau de mobilisation dans les rues du pays jeudi, même si les autorités ont recensé un nombre de participants en baisse – 570.000 personnes. «Le mouvement ne s’essouffle pas. Ce qui s’essouffle, c’est la capacité des salariés à se mobiliser une onzième fois dans les cortèges parce que ça pèse sur le pouvoir d’achat», a-t-il défendu. Laurent Berger a par ailleurs rappelé le soutien de l’opinion. «Il y a toujours autant de détermination contre cette réforme», a-t-il assuré.

S’il espère toujours que la réforme sera «mise en pause» par l’exécutif, Laurent Berger a rappelé son attachement à la démocratie et son respect impérieux de la décision que rendra le Conseil constitutionnel dans une semaine jour pour jour.