Rappel à l’ordre pour la RATP et la SNCF. Face à «la dégradation inquiétante» de la ponctualité «sur certaines lignes» au cours du mois d’octobre, Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports en commun franciliens présidée par la présidente de la région Valérie Pécresse, réclame à la RATP «de remonter la pente et de réussir à faire rouler l’ensemble des trains commandés». Même chose pour la SNCF qui a, de son côté, «trois lignes problématiques» que sont «la B et la D, ainsi que la C, très impactée par la pénurie de conducteurs (plus de 10% des missions supprimées)».

Dans un communiqué, IDFM soulève que «la production de la RATP dans le métro s’est dégradée depuis septembre». Parmi elles, cinq lignes sont «en grande difficulté», «les mêmes qu’au mois de septembre». Parmi elles, les lignes 3, 6, 7, 8 et 13 affichent «une ponctualité à l’heure de pointe inférieure à 85%». «Ce sont des taux d’irrégularité qui n’existaient pas avant le Covid», déplore l’autorité francilienne, qui ajoute que la ligne 12 est également «en difficulté», «redescendue sous les 90% alors qu’elle avait obtenu de bons résultats en septembre».

Par ailleurs, selon IDFM, quatre lignes ont «des résultats proches de l’objectif». Parmi celles-ci, les lignes 2, 4, 9 et 10. Bonnes élèves, quatre autres «ont des résultats très satisfaisants supérieurs ou égaux aux objectifs» dont les deux lignes automatiques 1 et 14, ainsi que les deux lignes 5 et 11. Et les causes de cette dégradation sont connues, IDFM citant «l’indisponibilité des conducteurs (absentéisme, maladie…)», les «difficultés à maintenir les voies, les métros et les trains». «La tension pour trouver des effectifs de mainteneurs est constante. Sur la ligne 8, les problèmes de maintenance sont responsables de plus de 20% des métros qui ne roulent pas», explique la RATP, alors qu’à l’exact même moment, la RATP communiquait sur le trafic perturbé sur l’ensemble de la ligne, «en raison de l’indisponibilité de trains».

Autres difficultés invoquées : les malaises voyageurs qui «se multiplient», avec «jusqu’à 10% des trains supprimés sur la 7», en raison de l’affluence sur certaines lignes, ou encore «la recrudescence des colis suspects». Sur la ligne 9, cela représenterait ainsi 9% d’offre non réalisée. «Mais cette situation n’exonère en rien les opérateurs des causes structurelles liées avant tout à la gestion des ressources humaines», conclut IDFM. Contactée, la RATP n’a pas souhaité réagir à ce communiqué, mais le groupe avait récemment fait savoir qu’il traversait une phase «difficile» notamment à cause de la «recrudescence des colis abandonnés».

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En attendant, l’autorité organisatrice n’a pas non plus épargné la SNCF, en pointant du doigt les lignes de RER B, C et D. Et si le RER C est «en redressement», les lignes B et D «restent en difficulté, comme les mois précédents, avec des résultats à 85% de ponctualité». À tel point que sur certains axes, «des dédommagements atteignant un mois de passe Navigo sont déjà prévus». Quant au réseau de Transilien, il semble davantage épargné par la critique, puisque huit lignes sont jugées «proches de l’objectif», avec des résultats supérieurs ou proches de l’objectif contractuel pour les lignes suivantes : A, E, H, J, K, L, N et U. Seules deux lignes, la P et la R, font face à «des difficultés conjoncturelles», selon IDFM, «avec 85% de ponctualité contrairement aux mois précédents». Respectivement en raison de travaux sur les infrastructures pour la première et le déraillement d’un train de marchandises intervenu le vendredi 20 octobre pour la seconde.

Une myriade de lignes défaillantes, qui font écho aux plaintes des usagers et traduisent un peu l’exaspération des autorités compétentes en matière de transports. Une façon aussi pour Valérie Pécresse de mettre la pression aux principaux opérateurs que sont la RATP et la SNCF à moins de huit mois de la tenue dans la région des Jeux olympiques et paralympiques. Face aux critiques de la maire de Paris Anne Hidalgo, qui avait expliqué récemment sur le plateau de Quotidien (TMC) que les transports en commun «ne seraient pas prêts pour les JO», beaucoup avaient pris la défense d’un réseau de qualité, l’un des plus denses au monde. Ce mardi matin, c’est encore le cas du ministre des Transports Clément Beaune, qui – interrogé à ce sujet sur Europe 1 – avait assuré que les transports seraient bien «au rendez-vous».