«S’entraîner à entraîner.» Une habitude que Fabien Galthié avait instaurée dès sa prise de fonction. Et qu’il perpétue avec un staff en partie renouvelé, avec des petits nouveaux au niveau international : Patrick Arlettaz (attaque) qui a succédé à Laurent Labit, Laurent Sempéré (avants) successeur de Karim Ghezal et Nicolas Jeanjean, qui est devenu préparateur physique en chef après le départ de Thibault Giroud à l’UBB. Des habitudes à prendre, des automatismes à créer, une méthodologie à appliquer. «Il n’y a pas beaucoup de changements. On est sur la continuité, avance William Servat, qui a conservé son poste d’adjoint en charge des avants. Les résultats des quatre dernières années sont très positifs et nous allons bâtir dessus. On aborde l’avenir avec enthousiasme. Ça aurait été stupide de rompre avec ce qui était en place.»

Ce mardi, sur le terrain d’honneur du CNR de Marcoussis, la «version 2» du staff de Fabien Galthié a donc répété ses gammes en participant à un entraînement des «U20 développement», l’antichambre de l’équipe des moins de 20 ans, auxquels s’étaient joints les Espoirs du club voisin de Massy. L’entraînement était prévu dans l’après-midi, mais il a finalement été décalé en début de soirée, car plusieurs jeunes Massicois qui mènent un double projet étaient retenus à l’université pour leurs études. C’est donc aux alentours de 18h que le staff des Bleus a dirigé cet entraînement. À l’image de celui qui avait eu lieu la semaine dernière au Pic-Saint-Loup (Hérault).

«Tout est rythmé, timé, il faut être concentré, précis», confie le jeune Robin Taccola, qui évolue à Vannes (Pro D2), tout heureux de bénéficier des conseils et de l’expertise des techniciens du XV de France. Et d’ajouter : «C’était très enrichissant. On ne vit pas ça tous les jours : les réunions sont plus longues, les journées plus intenses. C’est encore un cran au-dessus par rapport aux U20.» Les joueurs, répartis en trois groupes, ont pu travailler leur vitesse avec Nicolas Jeanjean, leurs attitudes au sol et dans les rucks avec Shaun Edwards et leurs lancements d’attaque sous les décibels de Patrick Arlettaz. Le tout avec l’habituel drone qui filmait toute la séance.

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Si la déception de l’élimination dès les quarts de finale de la Coupe du monde par l’Afrique du Sud est encore bien présente dans de nombreuses têtes, les Bleus n’ont pas le temps de gamberger. Le prochain Tournoi des six nations va arriver vite, dès le 2 février, avec un choc explosif contre l’Irlande, sûrement frustrée elle aussi d’avoir été blackboulée en quarts par les All Blacks. Pour l’heure, «on n’a pas discuté encore de la sélection. Il y a plusieurs rendez-vous qui sont déterminés en décembre pour cela», avance Patrick Arlettaz.

Le premier rendez-vous du XV de France n’aura pas lieu sur le terrain, mais en dehors avec, le mercredi 13 décembre, la renégociation de la convention qui lie la Fédération et la Ligue concernant la mise à disposition des internationaux. Lors de son premier mandat, Galthié avait eu – une première pour un sélectionneur tricolore – le privilège de pouvoir préparer ses échéances avec 42 joueurs. En sera-t-il de même à l’avenir ? La belle concorde entre la FFR et la LNR va-t-elle continuer ? Ce serait en bonne voie, selon RMC. Il sera alors temps de composer le premier groupe tricolore de 2024. Interrogé sur la méforme actuelle d’Antoine Dupont, Servat est venu au soutien de son capitaine : «Dire qu’Antoine est une personne normale est réducteur. C’est un très grand joueur qui revient dans la compétition, voilà tout.» Reste que certains mondialistes semblent (logiquement) marquer le pas, et que d’autres internationaux en puissance pointent le bout de leur nez, comme le Toulonnais Esteban Abadie ou le Parisien Léo Barré.

«Le comité de sélection va se réunir la semaine prochaine, confirme William Servat. On a de petites idées, la semaine prochaine on commencera déjà à avoir une orientation pour l’équipe de France.» Histoire de reprendre la belle marche en avant qui s’était stoppée brutalement face aux Boks. Avec du changement dans la continuité. Le staff, en tout cas, a déjà pris les devants, en apprenant à travailler ensemble. Histoire de ne pas se découvrir au prochain rassemblement des Bleus. «C’est bien huilé quand on n’a plus besoin de parler. Les entraîneurs, ça ne marche que comme ça, souligne Arlettaz. Le confort n’amène pas toujours l’oisiveté. Le confort c’est de temps en temps quelque chose d’efficace pour avoir un bon apprentissage.»