À quelques heures d’une allocution présidentielle qui doit permettre à Emmanuel Macron de tourner la page des retraites, Laurent Berger a dressé un bilan au vitriol de la séquence. «Il a loupé le rendez-vous avec le monde du travail», a-t-il tancé sur France 2 lundi matin, dénonçant le «mépris» du chef de l’État qui a provoqué du «ressentiment». Les attentes «des travailleurs et des travailleuses» portaient sur «le monde du travail post pandémique», a regretté le secrétaire général de la CFDT, «et ce n’est pas ce qui a été fait».
Le gouvernement réfléchit justement à présenter une nouvelle loi sur le travail et le plein-emploi pour renouer le dialogue avec les syndicats après trois mois de crise sociale. Martelant le principe d’un «délai de décence» avant de reprendre les discussions avec le gouvernement, Laurent Berger a confirmé que la CFDT acceptera les invitations à échanger après le 1er mai. «La CFDT continuera de travailler pour les travailleurs et travailleuses, à les défendre», a-t-il expliqué, avant de conclure, désabusé : «Faire croire qu’on pourrait faire revenir en arrière le président, ce serait mentir aux gens».
Au-delà de cette loi sur le travail, Laurent Berger réclame de la part du président de la République une autre méthode. «Ce qu’on lui demande, c’est de présider et de gouverner autrement que par cette verticalité», a lancé le leader syndical en prévision de la prise de parole d’Emmanuel Macron. Laurent Berger a d’ailleurs estimé que «la bonne sortie» de la crise des retraites pourrait être «un débat citoyen», ajoutant que la validation du référendum d’initiative partagé par le Conseil constitutionnel le 3 mai prochain pourrait permettre à un tel débat de se tenir.
Le secrétaire général de la CFDT a regretté la formulation de son appel à «casser la baraque» le 1er mai, après la polémique qu’il a suscité dans le week-end. «Ça n’a rien d’agressif ni de violent. C’est un procès de plus», a-t-il toutefois dénoncé. Laurent Berger a également reproché à ses partenaires de l’intersyndicale un «manque de rigueur collective» après que la CGT a appelé à de nouvelles journées de mobilisation interprofessionnelle avant le 1er mai. «Il n’y a pas de fissures dans l’intersyndicale», mais «j’aimerais qu’on s’en tienne à notre communiqué commun», a-t-il déclaré.