En cas de panne, les clients ont encore trop souvent le réflexe de racheter un produit neuf plutôt que de faire réparer l’ancien. S’agissant des équipements électriques et électroniques, le taux de réparation ne dépassait pas 10 % en 2021, selon l’Ademe. En cause bien souvent : le coût de la réparation, jugé trop élevé par les clients pour qu’elle soit intéressante. Pour inciter les Français à moins jeter, la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) s’est donc attelée à abaisser ce coût. Elle a introduit un « bonus réparation » en vigueur depuis le 15 décembre dernier, qui doit inciter financièrement les clients à franchir le pas.

Concrètement, un utilisateur peut faire réparer son lave-linge, sa bouilloire ou son appareil photo chez un réparateur labellisé Quali Répar, qui lui offrira une remise financée par l’État sur le montant de la réparation. Un fonds de 410 millions d’euros, qui doit financer le bonus réparation jusqu’en 2027, a pour ce faire été créé. Et 62 millions d’euros sont budgétés pour 2023.

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Las, quelques mois après le lancement du bonus, la secrétaire d’État à l’Écologie, Bérangère Couillard, juge déjà ses résultats décevants. Seules 20 .000 réparations ont été réalisées, et l’enveloppe financière allouée au bonus peine à être redistribuée. « Ces 62 millions d’euros n’ont pas vocation à dormir sur un compte bancaire », s’est désolée Bérangère Couillard ce jeudi, d’après l’AFP.

Puisque le bonus prévu ne suffit pas à convaincre les Français, la secrétaire d’État va muscler son dispositif. Le bonus sera doublé. Alors qu’il oscillait entre 10 et 45 euros selon les produits, il sera compris entre 20 et 90 euros à partir du 1er juillet. Second écueil identifié par le gouvernement : l’absence de prise en charge de réparations très demandées par les clients, comme le remplacement de l’écran d’un smartphone. « Les éco-organismes refusaient de les prendre en charge jusqu’à présent, explique la secrétaire d’État, selon l’agence AEF. Cela changera à compter du 1er juillet. »

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Enfin, le nombre de réparateurs labellisés Quali Répar doit augmenter pour en faciliter l’accès. 1200 magasins ou réparateurs sont aujourd’hui labellisés (les magasins Boulanger et Leclerc, par exemple), pour un objectif de 4000 à la fin de l’année. Bérangère Couillard veut faciliter l’accès au label pour les réparateurs indépendants, en en abaissant le coût. Mais elle veut surtout faire rentrer de gros acteurs qui ne sont pas encore labellisés dans le dispositif. S’ils ne jouent pas le jeu, « je les obligerai par arrêté dès cet été », menace la secrétaire d’État.

Et de citer Fnac, Darty, Apple ou Carrefour. Ce dernier estime avoir été cité par erreur. Il rappelle qu’il n’a pas de service de réparation en interne. Ce n’est en revanche pas le cas de Fnac Darty, qui propose même à ses clients des formules d’abonnement ouvrant accès à une réparation illimitée de leurs produits. Mais c’est justement là que le bât blesse : le bonus ne s’applique pour l’instant pas aux formules d’abonnement, pénalisant une offre sur laquelle mise beaucoup le distributeur, et des clients très appétents à la réparation. Le groupe ne désespère pas de faire changer le gouvernement d’avis.