Le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) a demandé jeudi 7 décembre à l’État le blocage des prix des produits de première nécessité dans l’île où la vie chère est un sujet de société majeur. Serge Letchimy, le chef de l’exécutif local, a envoyé un courrier au préfet de l’île des Antilles pour requérir «la mise en œuvre des articles L. 410-2 du code du commerce afin de bloquer les prix des produits de première nécessité en Martinique». Cette demande concerne «les produits alimentaires» et «les produits de santé et les médicaments», selon la lettre.

L’alimentation dont les prix étaient plus élevés en Martinique de 40% par rapport à l’Hexagone en 2022, selon l’Insee, représente l’un des principaux postes de dépense des ménages martiniquais. Ces prix étaient en hausse de 7,6% sur un an en octobre 2023 dans l’île. Les prix de la santé, qui représentent 12% des dépenses d’un ménage martiniquais, sont également plus élevés de 13% qu’en métropole, d’après les statistiques de l’Insee. Dans son argumentaire, le président de l’exécutif martiniquais a mis en avant le niveau élevé de pauvreté et de précarité de la Martinique où 34.500 foyers bénéficient du RSA. Quelque 27% de la population vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Soit un taux «2 fois plus élevé que la moyenne nationale», rappelle Serge Letchimy.

La requête du chef de l’exécutif martiniquais sera débattue le 21 décembre en séance plénière de l’Assemblée de Martinique. Interrogée jeudi soir, la préfecture de Martinique n’avait pas encore formulé de réponse à la demande du chef de la majorité territoriale. En juillet dernier, l’État et les distributeurs ont conclu un nouvel accord concernant le bouclier qualité prix (BQP), un dispositif de lutte contre l’inflation dans les Outre-mer. Ce dispositif garantit un prix modéré pour 134 produits dans les grandes surfaces, une trentaine de produits de plus qu’en 2022. La Martinique avait vu une reprise de l’inflation en 2022, de 4% sur l’année, tirée par les produits pétroliers (17,8%) et l’alimentation (5,4%). Cet indice reste cependant à un niveau inférieur à l’ensemble de la France ( 5,2%) sur la période.