En mai dernier, Jacky Lorenzetti et Laurent avaient été clairs. Pas question de recruter un «grand» numéro 10 après le départ vers Bath de l’Écossais Finn Russell. Une tradition pourtant perpétuée par le club francilien depuis son retour dans l’élite avec les signatures entre autres de Jonathan Sexton (2013-2015), Dan Carter (2015-2018) ou Pat Lambie (2017-2019). Pas cette fois-ci.
«On a la chance d’avoir deux jeunes en 10, Tristan Tedder, qu’on a recruté (en provenance de Perpignan), et Antoine Gibert. On a envie de leur faire confiance», nous avaient-ils confié, coupant au court aux rumeurs de recrutement de l’Anglais Marcus Smith. Un choix de la jeunesse payant en ce début de saison : Antoine Gibert réussit un excellent début de saison, parfait maître à jouer d’un Racing qui a retrouvé un second souffle depuis l’arrivée de Stuart Lancaster, reconnu pour ses qualités de formateur.
Preuve de la confiance dont bénéfice, le demi d’ouverture de 25 ans vient de prolonger son bail dans les Hauts-de-Seine de trois saisons, soit jusqu’en 2027. Déjà, l’an dernier, il avait signé une rallonge jusqu’en 2024. «Antoine Gibert est un enfant du club portant fièrement les valeurs du Racing 92 avec une passion indéniable, a salué Laurent Travers, qui l’a longtemps eu sous ses ordres, avant de devenir président du club cette année. Nous sommes persuadés qu’il continuera de grandir avec le maillot ciel et blanc et d’apporter son leadership sur le terrain et de mener le club vers le plus haut niveau.» Antoine Gibert, après avoir débuté le rugby très jeune à l’AC Boulogne-Billancourt, a fait toutes ses gammes chez les Ciel et Blanc qu’il a rejoint en 2011 à l’âge de 14 ans.
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Et, depuis le début de la saison, le numéro 10 francilien brille par sa capacité à créer du danger et à gérer parfaitement le jeu des siens. Grâce à ses qualités physiques explosives – qui lui permettent également de briller à 7, comme ce fut le cas lors du Superseven 2020 remporté par son club – malgré un physique «léger» (177 cm pour 76 kg), il est capable de créer des brèches à tout instant. Cela lui a permis d’inscrire déjà deux essais en Top 14 cette saison, après en avoir inscrit huit l’an dernier.
Après avoir longtemps rongé son frein dans l’ombre d’ouvreurs stars, Antoine Gibert a désormais les clés du camion. Mais ses années d’apprentissage lui ont clairement été bénéfiques. L’an dernier, Laurent Travers, encore manager des Ciel et Blanc, avait salué sa progression. «On voit qu’il est capable de répondre présent. C’est bien pour lui parce qu’il est en train de monter en maturité, de prendre confiance, avait-il apprécié. C’est très bien pour le Racing. Il montre que l’équipe n’est pas uniquement dépendante de Finn Russell, d’autres joueurs ont des qualités pour faire ce qu’il faut.»
L’intéressé – polyvalent demi de mêlée ou d’ouverture – reconnaît néanmoins qu’il savoure le fait d’être enfin le patron de l’attaque parisien. «Ce dont je n’avais pas envie, c’était d’être l’éternel remplaçant», a-t-il déclaré à nos confrères de Midi Olympique . Et d’ajouter : «Avec Tristan (Tedder) et Martin (Méliande), nous avons à peu près le même âge. Il n’y a donc plus de numéro 1, de numéro 2… Nous sommes tous sur la même page alors qu’auparavant, j’étais clairement le numéro 2 de Rémi Talès, Dan Carter, Pat Lambie, François Trinh-Duc, Finn Russell et j’en passe… J’ai pris aussi en âge, en maturité. Aujourd’hui, je me sens presque un leader de ce groupe.»
Un leadership qu’il faudra confirmer après cet excellent début de saison. Cela commence, ce dimanche à Paris La Défense Arena, face aux Harlequins d’un certain Marcus Smith qui aurait pu être son concurrent direct dans le 92. Mais, finalement, Antoine Gibert a enfilé – avec réussite et autorité – le costume d’ouvreur numéro 1 au Racing.