Renaud Muselier a visiblement des messages à faire passer à son ancienne famille politique. Invité du «Grand Jury RTL-Le Figaro-M6», le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) s’en est pris à la position des Républicains sur le projet de loi immigration, qui débarque ce lundi en séance publique à l’Assemblée nationale. «La loi de Gérald Darmanin, on aurait dû la voter depuis longtemps, nous les gens de droite. Si on avait pu le faire, on l’aurait fait volontiers. Donc elle arrive et il faut la voter», a-t-il assuré, louant un texte capable de «stopper une partie de l’immigration».

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L’ex-secrétaire d’État de Jacques Chirac, qui a claqué la porte de LR en 2021, a ainsi appelé Éric Ciotti et les siens à se saisir de ce «moment de vérité» pour «affirmer leur crédibilité politique». «C’est un moment de vérité pour tous ceux qui en permanence expliquent que c’est la faute de l’immigration si ça va mal dans ce pays», a-t-il martelé, alors que le patron de LR a fait savoir qu’il refusait de voter le texte porté par le ministre de l’Intérieur.

Renaud Muselier en a d’ailleurs profité pour souligner les «difficultés» du camp présidentiel à «dealer» avec les députés LR, qui «n’ont trouvé de solutions sur aucun sujet». «Sur la réforme des retraites, les deals qui avaient été proposés avec les LR de l’Assemblée n’ont pas été tenus, alors qu’ils l’ont été au Sénat, a-t-il pointé. On voit bien que c’est difficile pour eux-mêmes de tenir leur propre majorité.»

Les troupes d’Olivier Marleix pourraient aussi être tentées de voter la motion de rejet préalable, qui doit être défendue lundi après-midi par les écologistes. Si le Rassemblement national (RN) décide de soutenir l’initiative des Verts, il suffirait seulement d’une vingtaine de voix LR pour retoquer le projet du gouvernement. «Je vois assez mal Monsieur Ciotti voter avec les Verts, qui contribuent aussi aux passages à la frontière et facilitent la tâche de l’immigration», a balayé Renaud Muselier, qui ne «croit pas» à un appui de la droite. Avant d’appeler les bancs des Républicains à «la cohérence politique».

Le patron de Paca a toutefois accordé un bon point à ses anciens camarades. Il s’est dit favorable à «la révision» de l’accord franco-algérien de 1968, qui facilite la circulation, le séjour et l’emploi des Algériens dans l’Héxagone. À cela près que Renaud Muselier ne veut pas «tout supprimer» comme le souhaite la droite. «La situation géopolitique de 1968 n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Il faut revoir l’accord, l’amender, le restructurer et renouer des relations avec l’Algérie qui sont d’une extrême-violence», a-t-il plaidé.