Correspondant à Washington
Un important dispositif policier a été déployé à Miami mardi, pour l’inculpation de Donald Trump par le tribunal fédéral de Floride. L’ancien président a comparu à 15 heures devant le juge, pour entendre l’acte d’accusation et répondre s’il plaide coupable ou non des 37 chefs d’accusation qui lui sont reprochés.
Trump est habitué des premières historiques, mais l’événement reste sans précédent. Un tribunal de Manhattan a été le premier à inculper un ancien président en avril dernier. L’arrivée de Trump à New York avait été retransmise en direct comme un événement international. Mais l’inculpation par la justice fédérale est une affaire beaucoup plus grave et aux conséquences beaucoup plus sérieuses. Trump, et son valet, Walt Nauta, accusé d’avoir été son complice, sont passibles de peines de prison, conformément à la loi sur l’espionnage.
Contrairement à sa comparution à New York, la comparution devait se dérouler à huis clos, les caméras et appareils photo n’étant pas autorisés dans les tribunaux fédéraux. Les dessins judiciaires devaient être les seules images de la comparution. Les empreintes digitales de Trump devaient être prises électroniquement, mais des photos judiciaires n’étaient pas prévues. Le tribunal disposant d’une entrée souterraine, il n’était même pas certain que l’arrivée ou le départ de Trump soit même filmés. Trump devrait être libéré dans l’attente de son procès, et il ne devrait pas y avoir de caution, ni de séquestre de son passeport. L’ancien président devrait s’envoler ensuite pour son club de golf du New Jersey, où il a annoncé qu’il prononcerait un discours dans la soirée.
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La municipalité de Miami s’est cependant préparée à faire face à de possibles débordements. Des partisans de Donald Trump se sont rassemblés devant le tribunal dès mardi matin, et devant l’hôtel où il a séjourné lundi soir. Trump a lancé un message sur son réseau Truth Social, donnant rendez-vous mardi à Miami. Des messages appelant à manifester ont été publiés en ligne par des groupes comme les Proud Boys. Mais beaucoup de militants appartenant à des groupes organisés évitent de participer à des manifestations sous surveillance policière, afin de ne pas être piégés et arrêtés.
Fidèle à sa méthode, Trump a présenté son inculpation comme une cabale politique. «Faites une prière pour l’Amérique aujourd’hui, parce que notre système judiciaire est MORT», a-t-il aussi écrit. «Vers 15 heures, le ministère de la Justice de Biden doit ARRÊTER son principal opposant (moi) dans un tribunal fédéral de Miami, alors qu’il n’a commis AUCUN CRIME.»
Certains partisans de Trump ont ouvertement menacé d’utiliser la violence. «Si vous voulez atteindre le président Trump, vous me trouverez sur votre chemin avec 75 millions d’Américains comme moi», a lancé en Géorgie Kari Lake, ancienne candidate au poste de gouverneur de l’Arizona, et ex-présentatrice de télévision devenue une égérie du mouvement trumpiste, en montrant sa carte de la NRA, l’association de défense du port d’armes. «Ce n’est pas une menace. C’est un message d’intérêt public.» Mais les menaces de troubles à l’ordre public ne vont pas arrêter la machine judiciaire fédérale qui vient de se mettre en marche. L’inculpation de Trump par un tribunal fédéral est plus grave que n’importe laquelle de ses précédentes démêlées avec la justice. «L’acte d’accusation est très détaillé, et il est accablant», avait commenté dimanche Bill Barr, l’ancien procureur général de Trump. «Même si seulement la moitié des accusations est vraie, il est cuit.»
«Présenter Trump comme victime d’une chasse aux sorcières est ridicule», a aussi dit l’ancien ministre de la Justice, qui a rompu avec Trump après l’élection présidentielle de 2020, «il l’a été dans le passé… Ses adversaires l’ont poursuivi de manière obsessionnelle avec des affirmations bidon, et j’ai été à ses côtés pour le défendre… mais cette affaire est bien différente».