Une plainte pour corruption et détournement de biens visant la Fédération française de tennis (FFT) et concernant la billetterie de Roland-Garros a été classée sans suite, a indiqué mercredi une source proche du dossier. Le parquet national financier (PNF) a confirmé à l’AFP la «décision de classement sans suite pour absence d’infraction».

Des cadres et d’anciens dirigeants de la FFT avaient porté plainte le 16 mars, accusant l’actuel président de la fédération Gilles Moretton et deux de ses proches, l’actuel trésorier Jean-Luc Barrière et son ancien directeur de cabinet Hugues Cavallin, d’avoir «organisé le détournement de billets du tournoi de Roland-Garros au préjudice de la FFT».

«Mes clients m’ont donné pour instruction de demander la nomination d’un juge d’instruction» en déposant une plainte avec constitution de partie civile «de manière à ce que l’enquête soit contradictoire et qu’ils puissent y participer en qualité de partie civile», a annoncé à l’AFP l’avocat des plaignants, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Anticor avait à son tour saisi la justice le 22 mars avec un signalement dénonçant les mêmes faits. «L’association va étudier le dossier afin d’évaluer l’opportunité de se constituer partie civile, comme le lui permet son agrément», selon sa présidente Elise Van Beneden.

«Depuis le début nous disons qu’il n’y a aucune connotation pénale et le PNF vient de le valider», a estimé Me Alain Jakubowicz, avocat de M. Moretton. «Nous ne nous interdisons pas de déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse parce qu’ils savent très bien que ce que nous disons est vrai», a-t-il ajouté, dénonçant une «instrumentalisation» de la justice et une campagne médiatique qui a «sali» la fédération et son président.

Selon les plaignants et Anticor, la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) de tennis, présidée de 2018 à 2021 par Gilles Moretton, et le comité de Paris, dirigé par Jean-Luc Barrière, désormais trésorier de la FFT, auraient opéré des reventes illégales de billets. Le comité parisien était notamment soupçonné d’avoir revendu 40 billets pour l’édition 2019 du tournoi de Roland-Garros à AS Events, société dont la compagne de Hugues Cavallin, ancien président du comité de Paris jusqu’en 2017, «détient 50% des parts», selon le signalement d’Anticor consulté par l’AFP.

Anticor et les plaignants dénonçaient également le monnayage de 80 billets par la Ligue AURA, alors présidée par Gilles Moretton, dans le cadre de contrats de partenariats noués avec des sponsors en échange de ces billets premium pour l’édition 2020 de Roland-Garros. Or ces pratiques n’étaient plus permises depuis septembre 2017 selon Anticor: «seule la FFT pouvait désormais procéder à la vente de ses places» après cette date.

Président de la FFT depuis février 2021, Gilles Moretton avait balayé les accusations, dénonçant des «boules puantes». Pour le PNF, «les cessions en question sont intervenues avant la modification» du règlement et les billets octroyés aux ligues «ont donné lieu à des contreparties financières cohérentes au profit des ligues concernées, sans aucun détournement ou profit personnel de la part des dirigeants». «Aucun élément objectif ne permet par ailleurs d’étayer les faits de corruption qui sont dénoncés», selon le parquet financier.