Une équipe de volleyeuses turques qui disputait un match de la Ligue féminine de Volley (KFC) dans la ville d’Adana (sud) a été violemment prise à partie par le public, et l’une des joueuses a été blessée au genou, a dénoncé mercredi le responsable de leur club.
Mesut Karabulut, président du club de Malataya (centre-sud), une ville gravement endommagée par le séisme du 6 février dernier, a annoncé avoir porté plainte contre le club Imamoglu Belediye d’Adana et son public.
Dans une déclaration adressée aux médias et titrée «Nuit noire pour le volley-ball», M. Karabulut raconte que les insultes ont commencé à fuser avant même le début du match dimanche soir. «Ils ont prononcé des mots indescriptibles à l’encontre de nos joueuses et de nos entraîneurs» écrit-il, évoquant «une foule anormale, principalement des hommes», qui a jeté «des bouteilles de verre et de plastique» sur les filles.
L’une d’elles a dû subir cinq points de suture au genou : «À la fin du match, les tribunes n’ont pas été évacuées et nos athlètes n’ont pas été autorisées à gagner les vestiaires. Des gobelets et des bouteilles en verre ont été jetés sur le terrain et certains ont tenté d’envahir le terrain pour battre nos athlètes», rapporte-t-il encore. «Nous avons déposé une plainte au pénal» a-t-il ajouté en spécifiant que cette plainte vise «le club et le public» d’Adana, ville ultra-conservatrice.
M. Karabulut rappelle que les joueuses de Malatya se préparent pour le championnat dans des «conditions difficiles» après le séisme qui a dévasté la région et causé au total plus de 50.000 morts dans le sud et le sud-est de la Turquie. Sur des photos postées par des joueuses sur le réseau X (ex-Twitter) et relayées par les médias, plusieurs jeunes femmes exhibent leurs bleus sur les jambes ou les bras.
Surnommées les «Sultanes du filet», les volleyeuses turques ont remporté en septembre le championnat d’Europe, leur premier titre international majeur, ce qui leur a valu d’être régulièrement ciblées ensuite par les groupes d’extrémistes religieux et ultraconservateurs. Les graves incidents de dimanche surviennent alors que le championnat de football de Turquie a été suspendu en raison de l’agression, lundi soir, d’un arbitre par plusieurs hommes, dont le président d’un club de première division d’Ankara. La victime qui a pu quitter l’hôpital mercredi, souffre d’un traumatisme crânien.
Le championnat reprendra le 19 décembre mais la Fédération turque de football (TFF) doit annoncer jeudi des sanctions contre le club d’Ankaragücü, dont le président Faruk Koca, membre actif du parti AKP au pouvoir, a démissionné.