Commissariats, écoles, magasins, transports en commun, voitures, ont été détruits ou incendiés au cours de la troisième nuit d’émeute qui a secoué la France jeudi soir. Au total, l’Intérieur a annoncé 875 interpellations, alors que l’exécutif craint une nouvelle escalade trois jours après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier après un refus d’obtempérer.
«L’exécutif français face au défi des émeutes», «Le retour des débats sur la violence policière», «La difficile question de l’identité dans les banlieues françaises» ; la presse étrangère se penche au chevet de la France pour tenter de comprendre les ressorts de cet accès de violences.
Aux États-Unis, le New York Times adopte une lecture communautariste des événements. Le quotidien progressiste y voit un retour du débat sur «la race, le pouvoir et l’identité» en France. Plusieurs articles font l’ouverture du site : «Qui était Nahel.M ?»*, «Un adolescent tué par la police» ou encore «Les coups de feu des forces de l’ordre, un nouveau défi pour Macron».
«Dans la vie et la mort de Nahel M. – le seul nom sous lequel le jeune homme a été identifié publiquement -, les manifestants se sont identifiés en tant que Français algériens, Français marocains, Français musulmans et Français noirs vivant dans des gethos pour minorités, dans un pays à majorité blanche qui prétend ne pas voir les différences de couleur de peau. Comme eux, Nahel était un citoyen français d’origine maghrébine, dans son cas marocaine et algérienne.», peut-on lire dans un article qui revient sur la marche blanche.
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Quelques lignes plus tard, la journaliste évoque les heurts qui ont eu lieu en marge du cortège : «Déjà, des bouffées de gaz lacrymogène descendaient de la place voisine où Nahel a été tué.Des phalanges de policiers anti-émeute allaient bientôt se heurter aux manifestants.Le ministre de l’Intérieur du pays, qui parle dur, Gérald Darmanin, avait annoncé plus tôt dans la journée qu’il envoyait 40.000 policiers et gendarmes dans les rues, soit plus de quatre fois plus que la veille.Peu avant minuit, le gouvernement a déclaré que plus de 100 autres personnes avaient été arrêtées jeudi».
«C’est un scénario qui se répète depuis des décennies en France, les circonstances se ressemblent», affirme de son côté un journaliste du célèbre quotidien allemand, Die Welt. «Dans les banlieues de Paris et d’autres agglomérations, où des personnes se sentant exclues de l’ascension sociale s’entassent dans des cités de grande hauteur, un contrôle de police dégénère. Un jeune meurt, il y a des émeutes qui, dans ce cas, se sont étendues à des villes de toute la France dans la nuit de mercredi à jeudi», résume rapidement l’article. Selon le quotidien, les violences qui émaillent le territoire sont le produit de diverses problématiques typiquement françaises.
«Un débat sur les discriminations et les violences policières se fait attendre», avance par ailleurs le média allemand.
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Pour le média espagnol El País , les violences ressurgissent après une accalmie de courte durée. «Après un hiver de crise politique et de manifestations contre la réforme des retraites», la France semble voir se raviver l’une de ses «vieilles fractures» : celle de la «banlieue». Le journaliste les décrit comme des espaces «multiculturels et pauvres», peuplés par des enfants et des petits-enfants d’immigrés, qui se sentent souvent considérés comme des citoyens de «seconde zone».
L’article revient surtout sur le «clivage politique» qui divise la France. En citant Jean-Luc Mélenchon d’abord, le chef de file de la gauche radicale, qui «n’appelle pas au calme» et Marine Le Pen, la figure de l’extrême droite qui «demande l’instauration d’un état d’urgence». «La violence politique n’a jamais été taboue en France, pays de tradition révolutionnaire», résume ainsi l’article .
Côté anglais, The Guardian couvre les événements en ouverture de son site, sous la forme d’un direct. «Émeutes en France : Emmanuel Macron convoque une réunion de crise après les violences et les pillages qui ont suivi la mort d’un adolescent abattu par la police», affiche le site. Le quotidien anglais suit heure par heure les événements qui se déroulent dans l’Hexagone, en s’intéressant particulièrement aux émeutes nocturnes et aux décisions politiques qui en découlent.
La BBC, qui a également lancé un direct, titre sur «les pillages, les incendies et les violences» ainsi que sur le nombre de personnes arrêtées dans la nuit. L’article précise que «la mort de l’adolescent a ravivé les griefs concernant la police et le profilage racial dans les banlieues françaises».
Le quotidien italien a titré sur le nombre d’interpellations dans la nuit et la nouvelle réunion de crise organisée par le chef de l’État français. L’article est assez court et très informatif.
Il revient sur les émeutes en chiffres et la réaction de l’exécutif qui est prêt à «adapter» les règles de maintien de l’ordre.
Le quotidien belge ouvre son site sur les événements français. Et pour cause, pays limitrophe, il risque la contagion comme l’ont montré les débordements constatés dans la nuit de jeudi à vendredi. En tout, 29 personnes ont été arrêtées par la police belge, dont 26 mineurs. «Je regrette et condamne toute volonté d’importer dans les quartiers de notre capitale les actes de violence urbaine qui sévissent dans plusieurs villes françaises», a même déclaré le bourgmestre d’Etterbeek, Vincent De Wolf, sur Twitter.
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*Les titres de presse ont été traduits en français.