Eddie Jones a défendu jeudi son retour au Japon comme sélectionneur, assurant ne ressentir «aucune culpabilité» envers l’Australie, où il est soupçonné d’avoir préparé ce nouveau projet alors qu’il dirigeait encore les Wallabies, auteurs d’une déroute historique au Mondial en France. «Je souhaite le meilleur à l’Australie», et «je me sens mal par rapport aux résultats, car je voulais changer les choses en revenant» dans ce pays en début d’année, a déclaré Jones, 63 ans, lors d’une conférence de presse de présentation à Tokyo.

«Mais je ne ressens aucune culpabilité» dans le fait de rejoindre le Japon, a ajouté l’Australien, assurant que les premiers contacts en vue de cette nomination n’étaient intervenus qu’au début du mois de décembre. Revenu à la tête des Wallabies en janvier dernier, Eddie Jones avait écarté toute volonté de départ mi-octobre, dans le sillage de l’élimination inédite de l’Australie dès la phase de groupes du Mondial en France.

La Fédération australienne avait toutefois annoncé sa démission moins de deux semaines plus tard, et Jones a officiellement quitté ses fonctions dans ce pays fin novembre. L’annonce mercredi de sa nomination comme sélectionneur du Japon, poste qu’il a déjà occupé de 2012 à 2015, a ainsi fait grincer des dents en Océanie, où des médias l’accusent d’avoir joué double jeu.

L’ex-légende des All Blacks, Sonny Bill Williams, a ainsi qualifié cette nomination de «honte». «C’est assez triste, n’est-ce pas?». «Mon avis dans toute cette histoire est qu’il a menti… aux joueurs, au grand public et à la Fédération australienne», a-t-il déclaré à la chaîne australienne Channel Nine. «La seule chose que je peux contrôler, c’est ce que j’ai fait, et je suis parfaitement à l’aise avec ça», a-t-il rétorqué. «Si les gens pensent cela (qu’il a menti, NDLR), c’est leur avis. Je ne peux rien y faire».

«Je n’ai pas passé d’entretien avant la Coupe du monde», s’est défendu Eddie Jones devant la presse. «L’agence de recrutement m’a demandé de partager mon expérience sur le Japon et certaines personnes ont pu interpréter cela comme un entretien. Le premier entretien que j’ai eu avec le Japon a eu lieu en décembre et c’est le seul que j’ai eu. Je me sens très mal à l’aise à cause des résultats (avec les Wallabies). Je voulais y retourner et changer (les choses avec) l’Australie. Je ne me sens pas du tout coupable de ce processus.»

Eddie Jones, qui a pris les rênes de l’Australie pour la deuxième fois en janvier dernier mais n’a signé que deux victoires pour sept défaites en 2023, s’est vu demander s’il devait s’excuser auprès des supporters australiens, mais a déclaré qu’il leur avait donné tout ce qu’il pouvait. «Ce n’était pas suffisant. J’avais un plan pour changer le rugby australien. Nous n’avons pas été en mesure de le faire, a-t-il confié. Rugby Australia (la fédération australienne) n’a pas été en mesure de m’apporter son soutien et j’ai donc décidé de passer à autre chose. Je souhaite le meilleur à l’Australie…»

Passé proche de deux sacres mondiaux avec l’Australie et l’Angleterre, respectivement en 2003 et 2019, Jones a en outre marqué son premier passage au Japon par une victoire historique en Coupe du monde contre l’Afrique du Sud (34-32) lors de l’édition 2015. Il reste toutefois sur deux échecs : il a été congédié comme sélectionneur du XV de la Rose au terme d’une saison 2022 qui a vu l’Angleterre perdre cinq de ses 13 rencontres. Puis, de retour à la tête des Wallabies, il a donc vécu la plus grosse déconvenue de l’histoire du rugby à XV australien lors du Mondial en France.