Symbole de l’immigration turque, le döner kebab, ce pain pita garni de viande grillée, de salade et de sauce épicée, est l’un des fast-foods les plus populaires en Allemagne. Connu comme étant un plat accessible et peu cher, son prix a nettement augmenté ces dernières années : alors que l’on pouvait trouver des döners à 3.50€ il y a quelques années, son prix moyen s’élève actuellement à 6 euros, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung . Dans certaines villes, le döner kebab peut même coûter jusqu’à 10 euros, rapporte le quotidien Bild.

Pour faire face à ce phénomène, le parti allemand d’extrême gauche «Die Linke» a lancé une proposition dans un document consulté par plusieurs médias allemands comme les journaux Bild, Berliner Zeitung et Stern : instaurer un plafonnement des prix des döners (Dönerpreisbremse en allemand, NDLR).

Cette proposition a été faite par la membre du comité et porte-parole de la jeunesse du parti Kathi Gebel. Selon le document des Linke, le döner devrait être plafonné à 4.90€. Il devrait même être réduit à 2.90 € pour les jeunes. Les coûts supplémentaires devraient être pris en charge par l’État. Le parti explique également que le plafonnement du prix du döner aiderait à la fois les consommateurs et les propriétaires de döner kebabs. Le calcul des Linke est clair : comme près d’1,3 milliards de döners sont consommés par an, le plafonnement des prix coûtera près de quatre milliards, si l’État subventionne chaque döner de trois euros.

En plus du plafonnement des prix, Die Linke propose également un bon d’achat par semaine, avec lequel on pourrait acheter un döner kebab pour 5 euros. «Les döner kebabs peuvent utiliser les bons et se faire rembourser le surplus par l’État via le prix normal», proposent-ils.

La motivation principale du parti d’extrême gauche : la lutte contre la pauvreté et la précarité alimentaire en Allemagne. «Les entreprises alimentaires ont augmenté leurs profits à nos dépens», relate le Berliner Zeitung , rapportant les propos de Die Linke.

Des jeunes ont d’ailleurs déjà appelé le chancelier allemand Olaf Scholz à réduire le prix du döner dans des vidéos TikTok. Le chancelier allemand a d’ailleurs répondu à ces revendications dans une vidéo sur son compte Instagram le 11 mars, expliquant qu’il n’y aurait pas de plafonnement des prix des «döners kebabs». Il a notamment souligné que l’inflation commençait déjà à baisser.

«Lorsque les jeunes scandent “Olaf, fais baisser le prix du döner“, ce n’est pas une blague sur Internet, mais un appel à l’aide très sérieux ! L’État doit intervenir pour que la nourriture ne devienne pas un produit de luxe», affirme Kathi Gebel au Bild.

Die Linke n’est d’ailleurs pas le seul parti à proposer un plafonnement des prix des döners. C’est également le cas du mouvement de jeunesse du parti des verts, Grüne Jugend, qui a même créé des flyers et un kit d’action à ce sujet. Toutefois, selon le journal allemand Stern, la probabilité de voir cette proposition mise en œuvre est «proche de zéro».

L’idée ne fait pas l’unanimité, au sein même de la gauche. L’ancien membre du parti die Linke Fabio de Masi s’est ouvertement moqué de la proposition du plafonnement des prix «döner kebabs» sur X. «Des propositions comme [celles-ci] sont acceptables pour les partis satiriques. Mais pour les autres partis, elles nuisent au débat sur le plafonnement sélectif des prix, l’impôt sur les bénéfices et la limitation du pouvoir économique», affirme-t-il.