Emmanuel Macron avait assuré qu’ils payeraient. Et pourtant «pas un seul élément de [la loi d’urgence] n’évoque le financement par les casseurs des dégradations qui ont été commises», s’est étonnée Marine Le Pen ce mercredi 19 juillet lors d’une conférence de presse. Le texte qui est examiné au Parlement depuis mardi, prévoit de faciliter la reconstruction des bâtiments publics et privés endommagés ou détruits au cours des violences urbaines qui ont suivi la mort du jeune Nahel.

Or, d’après la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, l’absence d’évocation du financement par les casseurs donne l’impression que le gouvernement «traite ces émeutes comme une catastrophe naturelle dont il fallait à tout prix réparer les stigmates». Marine Le Pen qualifie, entre autres, ce texte de «véritable honte» dans la mesure où il s’agit de «la seule et unique réponse apportée aux émeutes et à leurs conséquences catastrophiques».

Et pour cause, dès les premières nuits de violences, la députée du Nord-Pas-de-Calais réclame l’application du principe strict de «casseurs-payeurs». Un mécanisme qui consiste à faire payer aux casseurs des frais de dédommagement à la hauteur du coût des dégâts causés. Et d’abonder : «S’ils doivent payer jusqu’à la fin de leurs jours, alors ils paieront jusqu’à la fin de leurs jours».

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L’ancienne candidate à l’élection présidentielle reproche notamment au gouvernement un manque de fermeté, qui ne fera qu’accroître, selon elle, la «violence endémique ». «Nous verrons se généraliser les atteintes aux personnes (…), les domiciles privés seront l’objet d’attaques et de pillages, les vols d’armes, les démonstrations publiques armées, et l’utilisation d’armes à feu se multiplieront», prévient la chef de file des élus RN à l’Assemblée nationale.

Alors que la loi d’«urgence» du gouvernement s’apprête à être votée par les députés, Marine Le Pen a dévoilé ce mercredi 19 juillet le «grand plan» du Rassemblement national «pour faire triompher les valeurs de la liberté et de sécurité» et pour «reconquérir les territoires perdus». Un programme qui se décline en quatre parties, dont une exclusivement consacrée à «renforcer les moyens anti-émeutes».

Parmi les mesures citées, l’arrestation systématique des émeutiers, la levée de l’excuse de minorité pour les émeutiers récidivistes, le rétablissement de la loi anticasseurs – qui permet de lever l’anonymat d’un groupe et d’établir des «coauteurs». La suppression des allocations familiales pour les parents de mineurs délinquants est une nouvelle fois brandie par le RN. «Le fait que d’autres reprennent à leur compte nos propositions est une grande victoire», estime à ce sujet Marine Le Pen qui «regrette toutefois que ceux qui ont appartenu, fut un temps, à la majorité ne les ont jamais mises en place».

Marine Le Pen souhaite également interdire les prises de position politiques des syndicats de magistrats. Une proposition qui date de 2018, mais que la députée juge plus que d’actualité. Elle a une nouvelle fois dénoncé «la harangue séditieuse d’un syndicat politisé de magistrats».

En somme, une série de mesures qui pourraient faire l’objet d’une proposition de loi à la rentrée, lors de la niche parlementaire du Rassemblement national qui se tiendra à la mi-septembre.