Les vacances ont enfin commencé. Après un dîner convivial en famille dans les jardins de Matignon, jeudi dernier, les membres du gouvernement ont été autorisés à s’évader jusqu’au 23 août prochain au plus tard. Trois semaines de congés pour se reposer, sans toutefois lever totalement le pied. «Restez mobilisés», a intimé Emmanuel Macron lors du dernier Conseil des ministres, soulignant que la rentrée ne serait «pas plus simple» que l’année écoulée.

Un avertissement en phase avec les traditionnelles consignes de Matignon: «Les ministres qui souhaitent s’absenter durant cette période devront choisir une destination compatible avec leurs responsabilités.» Exit, donc, les destinations exotiques, et place à la proximité, en restant à deux heures maximum d’une préfecture – si possible sur le territoire national. Message reçu cinq sur cinq par les intéressés, qui ont privilégié la France aux destinations européennes.

Héliotropisme oblige, le Sud-Est s’impose comme l’une des destinations les plus prisées de l’exécutif. À l’image de la première ministre, Élisabeth Borne, qui se rendra dans le Var après un dernier déplacement, mercredi, dans sa circonscription du Calvados. Au programme, «beaucoup de lecture» et «de la marche» pour la chef du gouvernement, qui ne sera pas très loin d’Emmanuel Macron, arrivé samedi soir au fort de Brégançon. Pas très loin non plus du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui doit lui aussi faire étape dans le département.

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À quelques kilomètres des Alpes-Maritimes voisines, où se trouveront le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, et sa compagne, la chanteuse Isabelle Boulay. Quant à Sabrina Agresti-Roubache (Ville), qui représente de nouveau Marseille au sommet de l’État après une dizaine d’années de disette gouvernementale, elle a opté pour une virée chez sa sœur, dans les Alpes-de-Haute-Provence, après un passage en Corse, où son mari est recteur. Île de Beauté où elle croisera peut-être Clément Beaune (Transports) ou Catherine Colonna (Affaires étrangères), qui y rejoint de la famille. Enfin, Aurore Bergé (Solidarités) partagera son temps entre les Alpes et la Normandie.

Un peu plus au nord, justement, l’Auvergne-Rhône-Alpes verra elle aussi défiler quelques ministres. Dont Franck Riester (Relations avec le Parlement), attendu à Nernier (Haute-Savoie), commune de 6000 habitants qui borde le lac Léman et où il passait tous ses étés d’enfance. Idem pour Olivia Grégoire (PME), qui va rendre visite à sa belle-famille en Haute-Loire. Juste à côté du fraîchement nommé Philippe Vigier (Outre-mer), ou encore de Jean-Noël Barrot (Numérique), qui ira sur les terres de son père, Jacques, ancien député du Puy-en-Velay.

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Voilà pour la partie repos. Mais période estivale ne rime pas toujours avec farniente, et tous les ministres prévoient de joindre l’obligatoire à l’agréable. «On peut se reposer, mais on reste aux aguets, prévient-on ainsi dans l’entourage d’Élisabeth Borne. Certains vont bosser, notamment ceux qui doivent se plonger dans leurs dossiers» en vue de la rentrée. C’est par exemple le cas de Christophe Béchu. En vacances chez lui, dans l’Anjou, le ministre de la Transition écologique fera un «briefing quotidien» avec son cabinet sur les sujets «urgents». Il gardera notamment un œil sur la sécheresse et la canicule qui menacent le pays.

Idem d’ailleurs pour sa secrétaire d’État Sarah El Haïry (Biodiversité), qui «reste mobilisée et disponible» malgré ses vacances à Uzès (Gard). «J’espère avoir le temps de lire», s’amuse l’intéressée, qui a cédé le portefeuille de la Jeunesse et le dossier du service national universel (SNU) à Prisca Thevenot. Laquelle prévient: «Temps de repos, oui. Vacances, non. Si le mois d’août est généralement un mois de relâche, il n’en est rien pour les services de jeunesse qui sont à la tâche dans nos territoires», fait-elle valoir.

Studieuse aussi, Agnès Firmin Le Bodo (Professions de santé) compte mettre son séjour dans le Luberon à profit pour se «plonger dans (ses) lectures afin de continuer à creuser le sujet de la fin de vie». L’occasion, aussi, d’organiser selon son entourage quelques rencontres avec des professionnels de santé du Vaucluse. Des fonctionnaires auxquels Stanislas Guerini (Transformation et Fonction publiques) compte lui aussi rendre visite, mais plutôt autour de la côte basque, où il se trouvera. Après un week-end en Norvège avec ses proches, la secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, va, elle, rejoindre sa maison familiale du Vaucluse pour quinze jours. Deux semaines durant lesquelles elle doit préparer le plan anti-harcèlement, dont la présentation est prévue pour septembre.

Quant à Bruno Le Maire (Économie et Finances), il entame ses congés par une semaine à Chamonix, puis il regagnera sa villégiature nichée sur les hauteurs de Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques). Ce village situé à une trentaine de kilomètres de Biarritz abrite la demeure dans laquelle il passe la plupart de ses vacances: une vieille ferme en pierre qui surplombe vallée et montagne. Un endroit calme, où son épouse et ses quatre fils l’accompagnent régulièrement.

Pour d’autres, enfin, les vacances attendront. Tout juste installé dans ses nouveaux bureaux de la rue de Grenelle, Gabriel Attal (Éducation nationale) s’attelle à préparer la rentrée scolaire. Initialement censé partir en Corse, le désormais ex-ministre des Comptes publics est «pour l’instant loin de tout ça», à en croire son entourage. Tout comme la secrétaire d’État Sonia Backès (Citoyenneté). «Pas de vacances», affirme un proche de l’élue ultramarine, qui préside la province Sud de Nouvelle-Calédonie – où elle est restée après avoir accompagné Emmanuel Macron à Nouméa la semaine dernière. «Là-bas, ce n’est pas les vacances comme en métropole, mais le milieu de l’année scolaire», ajoute-t-on de même source.

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À un an des Jeux olympiques de Paris 2024, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, sont enfin attendus en Polynésie pour assister à l’une des étapes du circuit professionnel de la Ligue mondiale du surf (WSL): Tahiti Pro. L’occasion pour eux de rencontrer l’exécutif local afin de faire un point sur les avancées des travaux nécessaires à l’organisation des épreuves prévues au large du Pacifique. Au retour de ce déplacement, Gérald Darmanin pourrait ensuite se rendre quelques jours à Marseille.

Un choix indépendant du récent mouvement de colère des policiers, né dans la Cité phocéenne, mais lié à des raisons purement pratiques: la résidence du préfet, déjà empruntée par Emmanuel Macron en 2017, peut facilement y être sécurisée. Or, à peine y était-il arrivé, l’été dernier, que le ministre de l’Intérieur avait dû refaire ses valises en raison des violents incendies qui avaient ravagé une partie du Sud-Ouest à l’époque. Menace toujours aussi vive cette année.