Pour les voitures électriques aussi, le prix du «carburant» risque d’être salé… La hausse de 10% des prix de l’électricité, appliquée depuis le 1er août suite à la fin du bouclier tarifaire, suscite de vives inquiétudes chez les propriétaires de véhicules électriques (VE). Ils sont désormais 54% à regretter leur achat, d’après une enquête YouGov réalisée pour la startup danoise Monta, spécialiste de la gestion de bornes de recharge. Cette situation contraste pourtant avec l’opinion générale des Français concernant les prix de l’électricité, car 62% d’entre-eux estiment que les prix du marché ne sont pas injustes, selon le même sondage.
«Ce regret est en partie la résultante d’un manque de transparence et d’information sur le marché concernant le prix, mais aussi sur l’offre et l’accessibilité des points de recharge», explique Amine Gharby, directeur France de Monta. Le prix de la recharge varie en effet en fonction des bornes utilisées, pouvant parfois passer du simple au double d’une borne à l’autre, voire davantage s’il s’agit de borne de recharge rapide. Une situation d’autant plus déroutante que le conducteur ne découvre parfois le montant final de la recharge qu’une fois le temps de charge terminé. Les cas de ce type devraient cependant disparaître peu à peu, puisque remplacés par une facturation au kWh. Mais cette incertitude tarifaire peut tout de même décourager certains usagers, qui auraient souhaité un accès plus direct et transparent aux coûts.
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Toujours selon l’étude, l’accessibilité aux bornes de recharge représente un autre motif de frustration pour les propriétaires de véhicule électrique. C’est qu’il n’est pas toujours aisé d’accéder au point de charge le plus avantageux : il faut télécharger une application spécifique, être client d’un opérateur de mobilité particulier, voire posséder une marque de véhicule spécifique. Il est par ailleurs difficile de s’orienter entre les différents opérateurs, car il n’existe pas de comparateur d’offre qui centralise les prix, contrairement aux stations-service traditionnelles.
Ce sont donc davantage les tensions sur le marché de l’électricité et les difficultés d’adaptation à de nouveaux modes de consommation que met en avant Monta comme un frein à l’adoption plus large de la voiture électrique. L’entreprise plaide en ce sens pour plus de transparence et d’interopérabilité entre les véhicules et les bornes afin de faciliter le développement de la mobilité électrique en France ; un élément de plus en plus incontournable pour assurer la transition vers une mobilité décarbonée.
Malgré l’engouement progressif et la lente transition vers l’électrique, et si les conclusions de l’étude restent à nuancer, la voiture électrique rencontre encore des obstacles à sa généralisation. Ce qui peut arriver même lorsqu’il ne s’agit de raisons économiques : une autre étude publiée par Bloomberg en 2019 expliquait que la principale motivation des reventes de Tesla par leurs propriétaires était… la désapprobation des opinions d’Elon Musk, le fondateur de la marque. La réputation de la voiture électrique reste à faire.