«C’est une bonne chose d’être la deuxième, c’est la preuve que les choses changent.» Nathalie Stutzmann est ainsi : un alliage de force et d’optimisme. La Française de 58 ans est la seconde femme à prendre la tête de l’orchestre du festival de Bayreuth. Vendredi, elle a dirigé Tannhäuser , et sa prestation a été saluée par quatorze minutes d’applaudissements, comme le rapporte The Washington Post . Belle consécration pour la contralto mémorable et directrice de l’Orchestre symphonique d’Atlanta, invitée dans le temple wagnérien à l’occasion de la reprise de la production, mise en scène par Tobias Kratzer.

À près de 150 ans, le Festival de Bayreuth poursuit ainsi sa mue, aujourd’hui sous la direction de l’arrière-petite-fille du compositeur, Katharina Wagner. En 2021, elle avait choisi Oksana Lyniv pour diriger Le Vaisseau fantôme. L’Ukrainienne avait ajouté son nom à la liste prestigieuse des 92 chefs qui l’avaient précédée, tous des hommes.

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En faisant appel à Nathalie Stutzmann cette année, Katharina Wagner entend mener son festival sur de bonnes voies. «J’espère que cette question disparaîtra avec le temps, qu’on ne parlera que de bons chefs d’orchestre et plus de chefs d’orchestres masculins ou féminins», a-t-elle expliqué au quotidien américain.

Car à Bayreuth, ni la salle, ni le public ne souffrent la médiocrité. Il y a cette fosse d’orchestre à laquelle Nathalie Stutzmann a dû s’adapter. Elle a été conçue par Wagner pour dissimuler l’orchestre au public, ne permet pas à son meneur d’entendre exactement les mêmes sons que ceux qui parviennent aux spectateurs. «Je savais que l’expérience serait nouvelle, inattendue et délicate, témoigne la contralto. Puisque nous entendons le son différemment du public, on doit beaucoup compter sur nos assistants… Sur scène, on entend à peine les chanteurs et leurs voix nous parviennent tard, même lorsque tout le monde joue comme un seul homme!»

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Le coup d’essai a été concluant. Stutzmann est déjà invitée pour l’édition 2024 du festival où elle retrouvera Tannhäuser et la mise en scène de Tobias Kratzer.