Un peu plus d’un an après la déclaration d’Emmanuel Macron annonçant sa volonté de créer des RER «dans dix métropoles françaises», la loi permettant de développer ces nouveaux services doit être définitivement adoptée lundi par le Sénat. Plutôt consensuel, le texte devrait être voté par une grande majorité des sénateurs. Il donne un cadre juridique à ces grands projets de «services express régionaux métropolitains» (SERM), l’équivalent des RER en Île-de-France.
La loi prévoit notamment d’élargir les missions de la Société du Grand Paris, rebaptisée Société des grands projets, pour mettre sur les rails ces SERM dans une dizaine de grandes métropoles, dans un délai de 10 ans. La SGP sera maître d’œuvre pour les constructions de nouvelles infrastructures ou voies ferrées, tandis que SNCF Réseau conservera son rôle d’amélioration et de maintenance du réseau existant.
Mais il s’agit d’offrir plus qu’un simple service ferroviaire amélioré, avec des trains cadencés toutes les 10 à 15 minutes, et des liaisons radiales traversant les grandes métropoles. Ces SERM doivent y associer cars express, réseau cyclable, covoiturage, pour favoriser les mobilités sans voiture sous toutes leurs formes autour des grandes villes françaises.
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Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a fait de ce chantier l’une des priorités de son ministère et un pilier du plan d’avenir pour les transports en février. Elisabeth Borne avait alors promis 100 milliards d’euros pour les transports d’ici 2040. Pour le moment, le gouvernement a promis une première enveloppe de 767 millions d’euros pour aider à démarrer les projets, ventilée dans le cadre des contrats de plan État région (CPER), en cours de signature.
Le SERM de Nantes s’est par exemple déjà vu allouer 101 millions d’euros d’ici 2027 et «sera l’un des premiers à voir le jour en France», ont promis le gouvernement et la région Pays de la Loire lors de la signature du CPER mi-novembre. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 162 millions d’euros vont être débloqués pour financer des études de préfiguration et les premiers travaux des dessertes ferroviaires d’Aix-Marseille, Toulon, Nice et de l’agglomération d’Avignon. Ailleurs comme à Strasbourg, le projet est déjà bien avancé, mais il a connu des ratés à son lancement en raison non pas de l’infrastructure, mais de problèmes de matériel et de personnels selon SNCF Réseau.
À Bordeaux «sans doute (le projet le) plus avancé de France, avec celui de Lille», d’après Clément Beaune, le chantier a démarré et doit monter en cadence progressivement pour aboutir en 2030. Certains SERM ne sont en revanche pas attendus avant 2035 comme à Aix-Marseille ou Grenoble, vu l’ampleur des travaux nécessaires. Les sommes nécessaires à l’aboutissement de ces projets sont colossales. Le coût total des RER Métropolitains est évalué à entre 15 et 20 milliards d’euros par le Conseil d’orientation des infrastructures.
«Le modèle économique et financier des SERM reste la grande inconnue», avait rappelé le sénateur Philippe Tabarot (Les Républicains) lors de l’examen de la loi en octobre. «L’État sera au rendez-vous, il faudra que les collectivités le soient aussi», lui avait répondu Clément Beaune. Une conférence nationale sur le financement doit se tenir au Sénat d’ici le 30 juin.