Charlie Hebdo dénonce dans un billet à paraître mercredi le «cynisme» de la secrétaire d’État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache qui, pour justifier son interview au JDD nouvelle formule, s’est déclarée «fille de Cabu», dessinateur tué lors de l’attaque djihadiste du journal en 2015. «Le cynisme, l’amateurisme et l’inculture politique n’excusent pas tout», fustige Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, dans un bref édito intitulé «mise au point» publié mardi sur X (ex-Twitter).
En cause, l’entretien accordé par la secrétaire d’État à la Ville à la première édition du Journal du dimanche sous la houlette de Geoffroy Lejeune, marqué à droite. L’hebdomadaire est revenu dimanche dans les kiosques après une grève historique de 40 jours de sa rédaction, fermement opposée à l’arrivée de Geoffroy Lejeune à sa tête, craignant une droitisation du titre. «On ne peut pas avoir été Charlie, être allé manifester et mettre aujourd’hui en pièces la liberté d’expression. Des journalistes sont morts. Je suis une fille de Cabu. Moi, en tout cas, cela n’a jamais été dans mon ADN», avait déclaré Sabrina Agresti-Roubache au JDD pour motiver son interview.
Plusieurs responsables de gauche ont dénoncé cet entretien, accusant la macronie d’«accélere[r] la banalisation» du JDD. Dans la majorité, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a pris ses distances avec le «choix» de sa consœur. «En termes de communication, ça se défend: c’est un excellent moyen de passer du stade de parfaite inconnue à celui de faiseuse de buzz», tacle pour sa part Gérard Biard. Mais «il aurait été judicieux que [la secrétaire d’État] rappelle que Cabu a, tout au long de sa vie et de sa carrière, combattu sans concession aucune l’extrême droite», ajoute le journaliste historique de Charlie Hebdo.
La parution du premier numéro sous la direction de Geoffroy Lejeune a été émaillée d’autres polémiques. La nouvelle rédaction est soupçonnée d’avoir confondu deux faits divers sur sa photo de Une, ce qu’a contesté Lagardère News, propriétaire du journal. La patronne de Radio France Sibyle Veil a également dénoncé lundi sur «X» (ex-Twitter) la publication d’une fausse information à son sujet. Désertée par les journalistes grévistes sortants, la rédaction du JDD de dimanche était constituée de «bénévoles», proches de Geoffroy Lejeune ou employés de Lagardère, comme Pascal Praud (journaliste à Europe 1 et CNews) ou Eric Naulleau (ex-compagnon de débat d’Eric Zemmour, soutenu par Geoffroy Lejeune à la présidentielle de 2022).