Drame de Frédéric Mermoud, 1h47

La bosse des maths : telle est l’expression consacrée. Sophie est douée. Les chiffres sont sa cour de récréation. L’avenir se décline en équations du second degré. Ses parents agriculteurs n’en reviennent pas d’avoir engendré pareil prodige. Bac et bourse en poche, la grosse tête quitte son village pour une classe préparatoire à Lyon. Un but : Polytechnique. Au lycée Descartes, cela ne chôme pas. Entre les élèves, la compétition est rude. La future élite avale des tonnes de couleuvres. Les notes en dessous de la moyenne pleuvent chaque semaine. Les moments de découragement ne sont pas rares. L’héroïne a envie de tout laisser tomber. Ses camarades sont d’un autre milieu. Ils le lui font sentir. Tout cela sonne juste, résonne vrai. Frédéric Mermoud suit le parcours de Sophie à la trace, avec tout ce que cela implique de sacrifices et de renoncements, plonge dans les arcanes de ces institutions si terriblement françaises. É. N.

Comédie de Hafsteinn Gunnar Sigurosson, 1h37

L’ennemi, c’est le ciel. Ils ont peur en avion. Ce sont là des soucis bien embarrassants. Que faire ? Cela se soigne. Du moins si l’on en croit la brochure de « Voyageurs intrépides » qui promet de guérir cette phobie grâce à un stage intensif. Ils sont trois à participer à l’aventure : les voilà embarqués dans un vol réparateur pour l’Islande censé guérir leur angoisse. Pour sa première réalisation en anglais, l’Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurdsson (Under the Tree) choisit le rire grinçant, adopte un pessimisme de qualité supérieure, regarde des bribes de civilisation s’effriter doucement dans un décor glaciaire. Ça, les passagers s’en souviendront. Les spectateurs aussi, qui se réjouiront d’avoir été entraînés dans ce périple plein d’inattendu. Le moyen d’attacher sa ceinture dans son fauteuil de cinéma ? Les seuls risques de turbulences seront dus à une hilarité contagieuse. E.N.

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Drame de Neill Bloomkamp, ​​2h14

C’est le genre de film dont on n’attendait rien. Sorti au cœur de l’été, avec un casting de « seconds couteaux » de talent, Gran Turismo, de Neill Blomkamp, est l’adaptation sur grand écran du jeu vidéo du même nom, sorti en 1997 et vendu à plus de 80 millions d’exemplaires sur PlayStation. Gran Turismo s’inspire d’une histoire vraie, celle de Jann Mardenborough, un adolescent britannique qui a réussi à passer du virtuel au réel grâce à son talent pour le jeu du même nom. Le réalisateur filme les courses avec maestria. Il joue les très gros plans, orchestre une double vision, celle du pilote, et implante sa caméra au cœur des moteurs de manière à saisir leurs accélérations. Le final de ce très bon divertissement estival sans prétention se déroule aux 24 Heures du Mans, en fanfare avec La Marseillaise et le drapeau tricolore. On se laisse embarquer par ce «teen movie » tourbillonnant qui exalte autant la revanche de classe que la transmission père-fils. O.D.

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Film d’animation de Jeff Rowe et Kyler Spears, 1h39

Donatello, Michelangelo, Leonardo et Raphaël sont des adolescents comme les autres. À ceci près qu’ils sont des tortues géantes. Et qu’ils ont été élevés dans les égouts de New York par un rat qui préfère se crever les deux yeux plutôt que d’accorder sa confiance aux humains. Leur père-rat prévient: si les Hommes les attrapent, ils essaieront immanquablement de les «traire». Plus tard, les quatre frères font la rencontre d’Alice, lycéenne et apprentie journaliste sur la piste de Superfly, un mystérieux malfaiteur qui sévit en ville. Le calcul est simple: s’ils arrêtent ce grand méchant, le monde des humains les acceptera forcément, même tortues, même mutants. La franchise Tortues Ninja est déjà bien connue du public (pas moins de dix films ont été consacrés aux quatre frères depuis 1990), mais se renouvelle ici avec succès. L’animation est superbe. Les dialogues français s’adaptent et intègrent des blagues bien de chez nous, du dernier manga à la mode au prochain concert d’Angèle. La formule est un peu convenue, mais assurément généreuse. E.P.

Drame de Sofia Alaoui, 1h30

Itto vit dans un conte de fées. La jeune marocaine d’origine populaire a épousé un riche mari. Ensemble, ils vivent dans une maison immense et attendent un enfant. Un jour que la belle-famille s’en va en ville, l’état d’urgence est décrété, des évènements étranges se produisent partout dans le pays. Pour se sauver, Itto doit traverser son Maroc natal seule. Avec ce premier film, Sofia Alaoui tente une incursion dans le réalisme magique. Si les images de cette odyssée surréaliste sont somptueuses, la réalisatrice s’égare dans un scénario qui ne dit rien, ou si peu. E.P.

Pierfrancesco Favino a maigri. En bref, c’est tout ce qu’il y a à retenir du film. Il y a un autre détail à noter : Jean Reno a grossi. À part ça, Amanda Sthers s’enlise dans cette longue histoire d’amour non consommé, poussivement racontée en flash-back et agrémentée de robustes réflexions sur le sens de la vie. «Tu crois que la mort est le pays des secondes chances» ? Tout cela très chic. On lit Le baron perché. On cite Jane Austen. Il est question de La recherche du temps perdu. Les personnages oublient de parler du roman que la réalisatrice a adapté. Ils ont raison: il est d’elle. Sur un sujet voisin, le pourtant dérisoire Colibri fait figure de Citizen Kane. Kelly Reilly est un joli mélange de Joanna Shimkus et de Monica Vitti. Les deux acteurs masculins rivalisent d’inexpressivité. C’est un duel de titans. E.N.