C’est un coup dur pour Intel et sa volonté de mordre les mollets du géant taïwanais TSMC. Le groupe américain a confirmé ce mercredi qu’il ne procéderait finalement pas à l’acquisition du groupe israélien Tower Semiconductor pour un montant équivalent à 5,4 milliards de dollars. Annoncée en février 2022, cette acquisition dans le secteur des semi-conducteurs était conditionnée à l’approbation des autorités chinoises, qui n’ont pas rendu leur verdict avant la date butoir prévu ce 15 août.

L’opération, qui tombe à l’eau, va coûter 353 millions de dollars d’indemnités compensatoires à Intel, qui les versera au groupe israélien. Mais au-delà de la simple équation financière, c’est une étape importante de la stratégie de diversification impulsée par le directeur général, Pat Gesinlger, qui tombe à l’eau.

Fabricant de puces intégrées depuis la conception jusqu’à la fabrication, Intel ambitionnait de monter en puissance dans l’activité de fondeurs de semi-conducteurs pour des sociétés tierces, où TSMC est l’acteur le plus puissant aujourd’hui. En 2021, peu de temps après l’arrivée de Pat Gesinlger aux manettes, l’unité Intel Foundry Services a même été créée pour poursuivre cet objectif.

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L’acquisition de Tower Semiconductor, qui disposait de clients dans l’industrie comme Broadcom, Panasonic ou encore Samsung, aurait permis à Intel de doper son carnet de commandes et optimiser sa production en usine avec de meilleurs taux de charge. Stacy Rasgon, analyste pour Sanford C. Bernstein, indique dans une note que si «les efforts d’Intel en matière de fonderie n’allaient pas être faciles même avec Tower (…), ils pourraient s’avérer encore plus difficiles » sans ce rachat.

La décision de la Chine, elle, est à replacer dans le contexte des tensions commerciales accrues avec les États-Unis, notamment sur les secteurs technologiques. Si Tower Semiconductor est un acteur de taille moyenne dans l’industrie – 1,67 milliard de dollars de chiffre d’affaires -, son expertise dans les domaines de l’automobile, de l’énergie ou encore de la téléphonie mobile entre directement en concurrence avec les fonderies chinoises spécialisées sur ces métiers.

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Malgré ce camouflet, Intel n’a évidemment pas l’intention d’abandonner l’activité de fonderie. Au cours du deuxième trimestre, celle-ci a même vu ses revenus quadrupler en un an pour atteindre 232 millions de dollars. S’il pèse encore peu comparée aux 13 milliards de dollars de revenus engrangés au total par Intel sur le trimestre, ce nouveau pôle d’activité est en progression sur un an, contre une baisse globale de 15% du chiffre d’affaires pour Intel par rapport à 2022.