Dans la fournaise angoumoisine, il paraît presque incongru d’entendre les premières notes rafraîchissantes de la musique composée par Georges Delerue pour Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard. C’est pourtant par cette ouverture enchanteresse que les organisateurs du Festival du film francophone d’Angoulême ont choisi d’inaugurer cette 16e édition sous le signe de l’amitié franco-suisse, en projetant de longs extraits de l’un des plus célèbres films de Godard, avec Brigitte Bardot, dont l’inoubliable réplique «Et mes fesses, tu les aimes mes fesses?» est entrée dans la légende du septième art.

Cette inauguration musicale se voulait un écho à la programmation de cette édition qui met à l’honneur le cinéma helvète, de Claude Goretta à Alain Tanner en passant par Lionel Baier ou Barbet Schroeder. L’orchestre d’Angoulême a proposé durant cette cérémonie d’ouverture deux autres morceaux issus d’artistes suisses, Où sont les femmes? (1977) de Patrick Juvet (qui permet de préciser que sept des onze films en compétition sont signés par des réalisatrices) et Déjeuner en paix (1991) de Stéphane Escher.

À lire aussiLe festival du film francophone d’Angoulême s’ouvre mardi avec une programmation très tricolore

Sur la scène du théâtre de la ville, Dominique Besnehard, le cocréateur de ce rendez-vous avec Marie-France Brière, a déclaré: «Le chiffre 16, département de la Charente, est un chiffre important: à 16 ans, on est recensé, on obtient de nouveaux droits, une carte vitale d’assuré social… Cela fait 16 ans que nous sommes face à face, Marie-France Brière et moi, comme des passeurs de notre amour du cinéma.»

«Les onze salles de cinéma de la ville sont pleines», ont annoncé les organisateurs, quelques minutes avant le début de la cérémonie d’ouverture. Les réservations en ligne sont en hausse de 10% par rapport à la précédente édition, preuve que les Angoumoisins, à l’image des Français retrouvent le chemin des salles obscures en 2023, après la pandémie de Covid-19.

Un autre hommage a également été rendu à la présidente du jury de cette édition, Laetitia Casta, à travers une très jolie vidéo compilant ses plus grands rôles, en Falbala dans Astérix à La bicyclette bleue, en passant par son interprétation de Brigitte Bardot dans le film de Joann Sfar Serge Gainsbourg (vie héroïque) en 2010. «Vous me faites rougir», a-t-elle réagi sous les applaudissements du public. L’actrice a par ailleurs été faite citoyenne d’honneur de la ville.

Le coup d’envoi du festival a été donné par la projection de La Petite, comédie dramatique sur la gestation pour autrui (GPA) signée Guillaume Nicloux (La Tour, Valley of Love), en présence d’un Fabrice Luchini très en verve.

Sur les onze films de la compétition qui seront présentés au public, huit sont français et sept sont réalisés par des femmes. Parmi eux, Iris et les hommes, nouvelle comédie de la réalisatrice d’Antoinette dans les Cévennes, Caroline Vignal, avec Laure Calamy à nouveau dans le rôle-titre. Ou encore La fiancée du poète de l’ancienne «Deschiens» Yolande Moreau. À noter également la présence de quatre films qui ont été présentés au Festival de Cannes en mai : Le temps d’aimer de Katell Quillévéré, Rien à perdre de Delphine Deloget, Rosalie de Stéphanie di Giusto et Augure du rappeur belge Baloji. Hors compétition, le public découvrira le nouveau thriller de Yann Gozlan, Visions, deux ans après le succès de Boîte noire (plus d’un million d’entrées au box-office).