Crash ou tir commandé par le Kremlin ? Les hypothèses sont ouvertes sur la chute du jet privé qui transportait Evguéni Prigojine, qui s’est écrasé mercredi soir dans la région de Tver, au nord de Moscou. Le ministère russe des Situations d’urgence a d’ores et déjà indiqué que toutes les personnes à bord de l’Embraer Legacy avaient été tuées sur le coup. De son côté, la milice Wagner, depuis sa chaîne Télégram Grey Zone, a confirmé la mort de son fondateur et patron.

Selon l’Agence fédérale du transport aérien (URA), sept passagers et trois membres d’équipage se trouvaient à bord de l’appareil, immatriculé au nom de l’une des sociétés de Prigojine. L’équipe d’enquêteurs envoyée sur place le soir-même a trouvé les restes de dix cadavres, qui vont être transportés à la morgue de Tver pour identification, a indiqué l’agence de presse russe Interfax.

Outre Evguéni Prigojine, visage public du groupe Wagner, la milice Wagner a confirmé la mort dans le crash de son bras droit Dmitri Outkine. Surnommé «Wagner», ce dernier était devenu le véritable chef de la milice selon les services de renseignement militaire ukrainiens.

Homme de l’ombre, ancien lieutenant-colonel membre des forces spéciales russes, Dmitri Outkine, âgé d’une cinquantaine d’années, crée sa propre milice en 2013, Corps Slave. Ses mercenaires se distinguent en Syrie où ils prêtent assistance au président Bachar El-Assad pour sécuriser le pétrole et renforcer son armée face à l’État Islamique. Corps Slave participe également à la guerre du Donbass en 2014.

Cette même année, Dmitri Outkine et Evgueni Prigojine décident de fonder ensemble le groupe «Wagner». Le nom, en hommage au compositeur favori des nazis, est suggéré par Outkine, qui affiche son admiration pour le IIIe Reich et Adolf Hitler, arborant sur ses rares photos des tatouages représentant les insignes nazis.

En 2016, Vladimir Poutine lui délivre la médaille de la Bravoure en reconnaissance de ces actes dans le conflit syrien, notamment lors de la bataille d’Alep. Dans le cadre de la guerre en Ukraine, l’Union européenne l’a déclaré, dans son Journal officiel de décembre 2021, «responsable de graves atteintes aux droits de l’homme commises par le groupe, dont des actes de torture ainsi que des exécutions et assassinats extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires».

Parmi les autres membres de la liste publiée par la Russie figurent des proches collaborateurs ou combattants au sein de Wagner, selon Dossier Center (site de hackers appartenant à l’opposant russe Mikhail Khodorkovsky qui publie des documents internes aux organisations liées à Evgueni Prigojine).

L’un des amis les plus proches de Prigojine, Valéri Tchekalov travaillait avec lui depuis les années 2000, et était responsable logistique au sein de Wagner, indique Dossier Center. Tchekalov a supervisé tous les projets «civils» de Prigojine à l’étranger – exploration géologique, production pétrolière ou agriculture. C’était lui qui dirigeait Euro Polis LLC, société qui couvrait les activités de Wagner en Syrie et en Afrique.

Ancien officier de police, il rejoint Wagner en mars 2016. Eugène Makaryan faisait notamment partie du quatrième détachement d’assaut Wagner en Syrie, qui a essuyé des tirs d’avions américains près de Khasham en janvier 2017.

Les autres passagers au profil moins connu sont tous membres de Wagner. Après avoir combattu lors de la deuxième guerre de Tchétchénie, Sergueï Propoustine rejoint Wagner en mars 2015. Depuis 2016, il a rejoint le deuxième détachement de reconnaissance et d’assaut, où Prigojine a recruté de nombreux gardes du corps cette même année.

Dossier Center n’a pas trouvé le nom de Nikolai Matusevitch sur les listes de Wagner, mais indique que ce dernier a bel et bien rejoint la milice en janvier 2017. Il a servi dans le quatrième détachement d’assaut en Syrie. Quant au septième passager, Alexandre Totmine, ses fonctions restent encore à préciser.