Envoyé spécial à Blois,

Voilà des années que François Hollande n’avait pas remis les pieds dans une université d’été du PS. Depuis qu’il a quitté l’Élysée, l’ancien président socialiste, chargé de son lourd bilan, était persona non grata dans les rentrées du parti de la rose. Jusqu’à cette fin d’été 2023… Il était ce jeudi à Blois, au traditionnel séminaire de la «fondation nationale des élus socialistes et républicains» qui se tient toujours en préambule de l’université d’été socialiste. C’est Hélène Geoffroy, nouvelle présidente de cette FNESR, et opposante d’Olivier Faure, qui l’a convié pour parler des enjeux européens. «François Hollande est la personnalité la plus pertinente pour parler des crises internationales que nous traversons», souligne-t-elle au Figaro.

L’ex-chef de l’État a surtout profité de l’occasion pour répondre à Nicolas Sarkozy sur la guerre en Ukraine. Les deux anciens présidents ont des points de vue diamétralement opposés sur l’issue à donner au conflit. Dans un entretien au Figaro la semaine dernière, Nicolas Sarkozy considérait que l’Ukraine devait «rester un pays neutre», qu’elle avait «une vocation de pont entre l’Europe et la Russie». François Hollande a dénoncé les «erreurs» de son prédécesseur qui réduit, selon lui, l’Ukraine à sa seule «position géographique». «Ce ne serait donc ‘pas de chance’ pour l’Ukraine qui ne devrait donc ni rentrer dans l’Union européenne, ni dans l’OTAN», a-t-il fustigé.

De même que, quand Nicolas Sarkozy estime que Vladimir Poutine «n’est pas irrationnel» et que «la diplomatie, la discussion, l’échange restent les seuls moyens de trouver une solution acceptable», François Hollande juge à l’inverse que ces efforts sont vains car le chef d’État russe «fait de la guerre son idéologie». Pour l’ancien président socialiste, il faut à l’inverse s’attendre à un conflit long, et tout faire pour que «l’opinion ne se lasse pas, ne se résigne pas». Selon lui, il faut par ailleurs accélérer l’envoi d’armes aux Ukrainiens.

À l’aube de la campagne des élections européennes, François Hollande appelle donc les «socialistes européens» à «tenir devant l’opinion publique ce discours de vérité». Au point que ces plus fidèles soutiens l’imagineraient bien… à la tête de la future liste du PS en 2024. «François Hollande veut laisser le sentiment qu’il pourrait lui-même porter la liste. Il voit cette échéance comme un retour en politique possible. Tout ça risque encore de tourner à la farce», soupire un responsable de gauche. Pas sûr que cette option séduise Olivier Faure, le premier secrétaire, tant les relations sont glaciales entre les deux hommes – même s’ils ont échangé pour la première fois depuis longtemps une dizaine de minutes à Blois ce jeudi. En petit comité, François Hollande assure simplement qu’il souhaite une liste socialiste «la plus attractive possible», mais le promet : «Je ne suis candidat à rien !».