Israël est confronté ce mardi 19 décembre à de nouvelles pressions de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza. Un vote est prévu à l’ONU alors que les États-Unis viennent de promettre de continuer leurs livraisons d’armes pour éradiquer le Hamas. De son côté, la France «a décidé de prendre des mesures à titre national contre certains colons israéliens extrémistes», a fait savoir la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. Un nouvel hôpital de la ville de Gaza a été pris d’assaut par l’armée israélienne. Plusieurs médecins et nfirmiers ont été arrêtés

L’hôpital al-Ahli Arab, l’un des derniers qui étaient encore en service dans le nord de la bande de Gaza, a cessé de fonctionner mardi après avoir été pris d’assaut par l’armée israélienne, a indiqué son directeur. L’armée israélienne a assiégé cet hôpital de la ville de Gaza, arrêté plusieurs médecins, infirmiers et blessés, et détruit une partie de l’enceinte, a affirmé à l’AFP le directeur de l’établissement, le médecin Fadel Naïm. «L’intrusion de l’armée de l’occupation a mis l’hôpital hors service. Nous ne pouvons pas accueillir de patients, ni des blessés», a-t-il dit à l’AFP.

Quatre personnes blessées lundi par des tirs israéliens alors qu’elles se trouvaient dans l’hôpital ont succombé mardi , a-t-il ajouté. Al-Ahli Arab, aussi appelé hôpital baptiste, avait déjà été endommagé après une explosion sur son parking le 17 octobre, ayant causé plus de 400 morts selon les autorités du Hamas. Le Hamas a imputé cette explosion à une frappe d’Israël, qui a démenti, affirmant avoir des «preuves» qu’il s’agissait d’un tir manqué du Jihad islamique palestinien.

La situation humanitaire, déjà catastrophique, ne cesse d’empirer dans la bande de Gaza en raison des bombardements israéliens, selon les organisations de secours qui y opèrent. Al-Chifa, plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, ne fonctionne plus qu’a minima et avec une équipe très réduite, après avoir été visé en novembre par une opération d’envergure de l’armée israélienne qui accuse le Hamas de s’en servir comme un centre de commandement.

Le ministère de la Santé du Hamas palestinien a annoncé mardi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 19.667 morts depuis le 7 octobre. Le Hamas, qui contrôle depuis 2007 ce petit territoire palestinien de 2,4 millions d’habitants, a également recensé 52.586 blessés, d’après un communiqué du ministère.

Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait se prononcer sur un nouveau texte appelant à une «cessation urgente et durable des hostilités» dans la bande de Gaza, après les veto des États-Unis à de précédentes tentatives. Initialement prévu lundi, ce vote a été reporté pour permettre de plus amples négociations autour de ce nouveau projet de résolution.

Depuis deux mois, Israël promet d’anéantir le Hamas, auteur le 7 octobre de l’attaque la plus violente de l’histoire du pays, qui a fait environ 1140 morts en majorité des civils, selon les derniers chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été prises en otage, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, selon les autorités israéliennes.

La France «a décidé de prendre des mesures à titre national contre certains colons israéliens extrémistes», a déclaré ce mardi la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna devant la presse.

«J’ai pu constater de mes yeux les violences commises par certains des colons extrémistes. C’est inadmissible», a déclaré la ministre des Affaires étrangères, de retour d’une tournée en Israël, dans les territoires palestiniens et au Liban.

Ce mardi, les rebelles Houthis du Yémen soutenus par l’Iran ont affirmé n’avoir aucune intention de cesser leurs attaques contre les navires marchands en mer Rouge. «Même si l’Amérique réussit à mobiliser le monde entier, nos opérations militaires ne vont pas cesser (…) quels que soient les sacrifices que cela nous coûte», a assuré sur X un responsable rebelle, Mohammed Al-Bukhaiti, en dépit de l’annonce par les États-Unis d’une nouvelle alliance de protection maritime.

Ce mardi, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a annoncé aux côtés de son homologue britannique que la France prendra des mesures avec ses partenaires pour mettre fin aux attaques des Houthis en mer Rouge.

Depuis quelques jours, de nombreux géants du transport maritime ont annoncé suspendre tout transit en Mer Rouge, à cause de ces attaques concentrées sur le détroit stratégique de Bab al-Mandeb, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique, et par lequel transite 40% du commerce mondial.

Ce mardi, 20 Palestiniens ont été tués dans un bombardement à Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza, selon le Hamas. Parmi eux se trouvaient quatre enfants et un journaliste, Adel Zorob. Depuis le 7 octobre les représailles de l’État hébreu ont fait plus de 19.400 morts dans la bande de Gaza, selon le Hamas.

Ces chiffres meurtriers renforcent les appels à l’apaisement de nombreuses diplomaties. Le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron doit ainsi rencontrer ce mardi ses homologues français et italiens, pour appeler de nouveau à «un cessez-le-feu durable», ont annoncé ses services.

En visite lundi à Tel-Aviv, le chef du Pentagone Lloyd Austin a lui indiqué que les États-Unis allaient continuer à fournir «l’équipement» militaire nécessaire à l’armée israélienne et que Washington ne souhaite pas «imposer un calendrier» à son allié historique. En parallèle, le ministre américain a insisté sur la nécessité de «réduire les dommages causés aux civils» et de «fournir une aide humanitaire accrue aux près de deux millions de personnes déplacées à Gaza».

L’armée israélienne a annoncé mardi la mort de deux nouveaux soldats dans la bande de Gaza. Au total, Israël y a perdu 131 militaires depuis le début de ses opérations au sol le 27 octobre, venues s’ajouter aux bombardements dans le territoire palestinien.

En parallèle, des tractations se poursuivent pour la mise en œuvre d’une nouvelle trêve. D’après le site d’informations Axios, le patron de la CIA a rencontré à Varsovie des responsables israéliens et qataris en vue de nouvelles négociations sur la libération d’otages.

«Le Hamas est prêt à un échange de prisonniers, mais après un cessez-le-feu», a déclaré mardi un responsable du mouvement islamiste. Une pause de sept jours avait permis fin novembre la libération de 105 otages à Gaza, dont 80 en échange de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

Gaza est le lieu «le plus dangereux au monde» pour un enfant, a dénoncé ce mardi un porte-parole de l’Unicef, exprimant sa rage après son retour du territoire palestinien. Lors d’un point de presse régulier à l’ONU à Genève, le porte-parole, James Elder, qui a passé près de deux semaines à Gaza, s’est dit «furieux que ceux qui détiennent le pouvoir haussent les épaules face aux cauchemars humanitaires infligés à un million d’enfants».

Très ému, il a évoqué le sort des enfants hospitalisés après avoir été amputé et qui ont ensuite «été tués dans ces hôpitaux» dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne poursuit ses frappes. «Je suis furieux que d’autres enfants se cachent en ce moment même quelque part et seront sans aucun doute touchés et amputés dans les jours à venir», a-t-il ajouté.