Peut mieux faire. Au lendemain de la prise de parole de la première ministre lors de la rencontre des entrepreneurs de France – Ref 2023 -, à l’hippodrome de Longchamp, le patron des patrons s’est montré prudent. Interrogé sur BFM Business ce mardi matin, Patrick Martin a d’abord salué la position «pro-business assumée» d’Élisabeth Borne, ajoutant cependant rester «un peu sur [sa] faim», à ce stade, sur plusieurs dossiers brûlants.

Sans surprise, le président du Medef reste vent debout contre le report de la suppression de la CVAE, pourtant promise par l’exécutif à maintes reprises. La position de la France, et sa réticence à baisser les impôts, pèse sur son attractivité, alors que les États-Unis augmentent leurs investissements, ou que l’Allemagne, «par dizaines de milliards d’euros, subventionne des investissements étrangers sur son territoire», a plaidé Patrick Martin. «La France n’est pas une île», et repousser la suppression de la CVAE risque de faire prendre «du retard» au pays. Nombre d’entreprises avaient également intégré la suppression dans leurs décisions, «y compris d’investissements», a souligné le représentant du patronat. «Quand une chose est dite, […] on l’intègre, et on prend ça au propre et au figuré pour argent comptant», a-t-il martelé.

Un peu plus tôt, son vice-président, Fabrice Le Saché, disait quant à lui ressentir un «coup de frein» de l’activité. Dans ce contexte, «ce n’est pas un bon signal» de revenir sur la parole donnée, alors que des chefs d’entreprise comptaient sur la suppression de la CVAE, a-t-il noté. Le représentant a également dénoncé un «coup de canif dans le contrat», soulignant que les baisses d’impôts généraient des recettes fiscales pour l’État, grâce à la dynamique économique engendrée.

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De même, le Medef compte bien défendre jalousement les réserves excédentaires de l’Unédic, que l’État convoiterait pour renflouer ses propres comptes. «Essentiellement, ces excédents tiennent aux créations d’emplois et revalorisations salariales par les entreprises», et «les deux tiers des recettes de l’Unédic proviennent des cotisations des entreprises», a argumenté Patrick Martin. En outre, les excédents doivent se traduire en partie par «des baisses de cotisations chômage, à ce jour payées par les seules entreprises», a-t-il ajouté, et l’Unédic doit se désendetter. Autant de points que le gouvernement devrait prendre en compte.

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Pour autant, malgré ces tensions, le Medef souhaite rester constructif et «dans un rapport de confiance» avec l’État. «Immanquablement, on a des désaccords […] mais l’attitude dans laquelle je me positionne […] c’est que l’entreprise soit considérée comme une solution», a plaidé son président. Reste à voir si Bruno Le Maire saura rassurer le patronat : le ministre de l’Économie et des Finances est attendu de pied ferme à 11h30, ce mardi, lors d’une «conversation» à la REF.