Le rapport aux sondages est toujours paradoxal. Lorsqu’ils sont favorables, alors ils sont encourageants, et même la preuve d’une politique qui fonctionne. Lorsqu’ils sont négatifs, ces résultats sont à l’inverse à prendre avec beaucoup de distance, en rappelant qu’il est presque intrinsèque à ces études d’opinion de comporter des erreurs. Alors, pour éviter tout procès en mauvaise foi, autant trouver un entre-deux.

C’est ce que semblent faire les soutiens d’Édouard Philippe, accueillant sans tambour ni trompette l’enquête OpinionWay publiée dimanche dans Le Parisien et plaçant l’ancien premier ministre comme la personnalité la plus à même de rassembler l’électorat de droite et du centre. «Il faut toujours rappeler qu’un sondage ne dit rien de l’avenir… mais il renseigne quand même un état d’esprit à un moment précis. Alors ça met du baume au cœur, c’est une photographie positive de ce qu’il se passe aujourd’hui, on prend», résume un proche.

À lire aussiÉdouard Philippe: «Après les retraites, l’immobilisme c’est la garantie du déclassement»

Malgré une parole rare se voulant en surplomb – son nouvel ouvrage, Des lieux qui disent, sera publié le 13 septembre prochain aux Éditions JC Lattès -, Édouard Philippe peut ainsi se réjouir d’être désigné comme le meilleur candidat de la droite et du centre pour la prochaine élection présidentielle, par une majorité de sympathisants venus autant de la coalition présidentielle (88 %) que des Républicains (66 %). Il devance de ce fait des personnalités telles que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire (plébiscité par 62 % de macronistes), le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin (46 %), ou encore le président du MoDem, François Bayrou (26 %).

Surtout, l’ex-locataire de Matignon, à la tête de son propre parti, Horizons, performe davantage auprès des LR que Laurent Wauquiez (50 %), pourtant pressenti comme le futur candidat de la droite, et cultivant la même rareté dans son expression. Le président de région fait d’ailleurs ce week-end sa rentrée traditionnelle au mont Mézenc, en toute discrétion.

«Ça veut dire qu’il n’y a pas besoin d’être tous les matins sur les chaînes d’info pour être repéré par les Français», fait de son côté remarquer avec satisfaction l’ancien maire et désormais député Horizons Frédéric Valletoux. «En créant son mouvement, Édouard Philippe a toujours dit qu’il était de droite. Il a une vraie cohérence et liberté, et c’est peut-être ça que les Français apprécient aussi», poursuit-il, alors que des signes encourageants sont aussi récemment venus de la droite.

Sans apporter un quelconque soutien, le président LR du Sénat, Gérard Larcher – avec lequel Édouard Philippe a déjeuné au début de l’été -, a rappelé sur France Inter que «bien sûr, et pas du bout des lèvres», l’ancien premier ministre fait toujours partie de sa famille politique. «Je dis, y compris pour ma famille politique, qu’il faut d’abord rebâtir un projet, retrouver la confiance avec les Français», a également souligné l’élu des Yvelines. Ajoutant vouloir attendre «le moment venu» pour voir si Laurent Wauquiez, «talent de notre famille politique», est le plus à même de porter la candidature des Républicains.

À lire aussiAu Havre, Élisabeth Borne vient engranger le soutien d’Édouard Philippe

C’est en revanche avec précaution que le reste des Républicains accueille ce classement. «Une étude à quatre ans d’une élection, ça ne vaut rien», balaie un cadre LR, soucieux de ne pas enterrer Laurent Wauquiez trop vite. L’élu apparaît en plus en deuxième position (54 %) derrière Édouard Philippe (60 %) des intentions de vote des sympathisants de la droite. Soit loin devant Bruno Le Maire et Xavier Bertrand (46 %), Gérald Darmanin (44 %) et Marine Le Pen (40 %). Interrogé sur Europe 1, François Bayrou nuance lui aussi la portée de ces résultats. «Les sondages sans aucune exception sur les dernières élections se sont trompés chaque fois gravissimement», préfère-t-il rappeler.

Le maire de Pau n’est pas le seul à être relégué aux rangs du fond. C’est aussi le cas du maire (LR) de Cannes, David Lisnard, qui continue de plaider pour une primaire. Aurélien Pradié, le jeune député du Lot, qui s’est distingué cette année en portant une voix singulière et souvent critiquée à droite, se distingue là aussi en occupant la dernière place de la personnalité la plus consensuelle à droite.