En difficulté financière, les Restos du Cœur se sont résignés à réduire cet hiver le nombre de bénéficiaires de leur aide alimentaire, a indiqué dimanche le président de l’association. «Aujourd’hui, nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d’aide alimentaire», a expliqué Patrice Douret, président de l’association créée en 1985 par Coluche. «Si rien n’est fait, on pourrait devoir fermer d’ici trois ans».

Les Restos du Cœur se retrouvent dans le rouge en raison de la «hausse très importante» du nombre de personnes qui demandent de l’aide et d’une «augmentation de ses coûts de fonctionnement», due à l’inflation. Invité du journal TV de TF1 dimanche, Patrice Douret a lancé «un appel aux forces politiques et économiques de notre pays» pour le «lancement d’un plan d’urgence alimentaire». «Nous ne sommes pas suffisamment entendus ou pris au sérieux (…) mais les digues sont en train de lâcher», a déclaré le responsable associatif sur TF1.

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L’association a déjà accueilli 1,3 million de personnes en 2023, contre 1,1 million sur l’ensemble de l’année dernière. Et ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a «doublé». Face à cette situation «extrêmement complexe», les Restos du Cœur ont décidé de réduire leur nombre de bénéficiaires. «C’est un véritable crève-cœur, mais nous allons devoir massivement dire non à des personnes que nous aurions pu accueillir avant l’inflation et nous allons devoir réduire la quantité de ce que nous donnerons aux personnes qui rentreront dans nos critères», a détaillé Patrice Douret. Il estime qu’environ 150.000 personnes devront être éconduites.

L’association, qui s’attend à servir 170 millions de repas cette année contre 140 millions en 2022, apporte une aide régulière aux personnes dans le besoin, en fonction de leur reste à vivre. Son montant pour être admissible va être révisé à la baisse, a indiqué Patrice Douret, sans donner de précisions chiffrées. Malgré cette mesure, l’association a besoin de 35 millions d’euros supplémentaires pour terminer l’exercice à l’équilibre. «On appelle à une mobilisation massive des forces politiques et économiques de ce pays pour nous aider à franchir ce cap», a déclaré Patrice Douret, qui a fait part également de sa colère. «Cela fait des mois qu’on alerte le gouvernement sur cette situation, on n’a pas assez été entendu.»

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Les Restos du Cœur, qui assurent 35% de l’aide alimentaire en France, disposent d’un budget de fonctionnement d’environ 200 millions d’euros par an. Des ressources qui proviennent de donateurs particuliers, d’entreprises ainsi que d’aides publiques de l’État et de l’Union européenne. Dimanche, l’appel de son président était relayé par les oppositions de gauche et droite. Du côté de LFI, la cheffe des députés Mathilde Panot a affirmé sur X (anciennement Twitter) que son parti déposerait «un plan d’urgence alimentaire dans les tout prochains jours». «Et partout en France, les insoumis organiseront des collectes alimentaires dont ils remettront le produit aux associations humanitaires», a-t-elle ajouté. «Il est urgent d’entendre l’appel des @restosducoeur !», a abondé le patron du PS Olivier Faure.

À droite, le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a donné raison à Patrice Douret: «il faut un plan d’urgence alimentaire !» «La Région Hauts-de-France sera au rendez-vous de l’appel des Restos du cœur», a-t-il promis sur le réseau social. Côté RN, le blâme est mis sur «ceux qui nous gouvernent depuis si longtemps»: «Leur responsabilité est immense. Aujourd’hui ils versent des larmes de crocodile !», a lancé sur X le vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu.