Un «enfer». C’est le mot qu’a choisi Neymar pour qualifier ce que lui et son ancien coéquipier, Lionel Messi, ont «vécu» au Paris Saint-Germain. Le Brésilien, joueur du club saoudien d’Al-Hilal depuis cet été, a emboîté le pas à son ex-coéquipier et ami argentin, qui parlait de «deux années difficiles au PSG» après son départ en juin dernier, pour l’Inter Miami. Pourquoi un divorce aussi houleux ?

À peine arrivé dans la capitale, Neymar s’étonne et s’agace qu’Edinson Cavani ne le laisse pas tirer les penalties. Le 17 janvier 2018, contre Dijon, c’est le Brésilien qui refuse de laisser le ballon à l’Uruguayen au Parc des Princes, et qui se charge de porter le score à… 8-0. Malgré le spectacle et un quadruplé de Neymar, les supporters sifflent leur N.10, d’autant que Cavani n’avait plus besoin que d’une réalisation pour devenir le meilleur buteur de l’histoire du PSG, devant Zlatan Ibrahimovic. Vexé par les sifflets, Neymar n’ira pas communier avec les supporters et le reste de l’équipe après une retentissante victoire. Lui et Cavani verseront de l’eau dans leur vin et se partageront les penalties par la suite.

En 2019, après deux années de hauts et de bas, Neymar se laissait séduire par l’idée d’un retour au FC Barcelone, à qui Paris l’avait arraché pour 222 M€, un record de dépense qui tient toujours. «On a essayé de trouver un accord à l’amiable, mais on n’a pas pu partir», a reconnu l’attaquant dans le documentaire Netflix «Neymar : le chaos parfait» sorti en 2022. Sifflé par le Parc des Princes le 14 septembre face à Strasbourg, le Brésilien a répondu par un superbe but acrobatique dans le temps additionnel (90e 2).

À VOIR AUSSI – Le but victorieux de Neymar lors de PSG-Strasbourg en septembre 2019 (1-0)

C’est peut-être lors du Final 8 de la Ligue des champions que l’ancien de Santos a joué son meilleur football sous le maillot rouge et bleu. Avec Neymar à la baguette, le PSG dispute sa première finale de C1, perdue face au Bayern Munich (0-1). Quelques jours plus tard, le Brésilien annonce qu’il «reste au PSG la saison prochaine, avec l’ambition de retourner en finale de la Ligue des champions, cette fois pour la gagner. J’aime cette idée de tout faire pour laisser mon nom dans les livres d’histoire de mon club.» Tout va bien.

On pensait qu’une réunion entre Lionel Messi et Neymar ne pouvait avoir lieu qu’à Barcelone. Et pourtant, c’est l’Argentin qui rejoint son ami à Paris. Le N.10 parisien en est ravi, lui qui vient de prolonger son contrat jusqu’en 2025. Messi, qui a dit adieu au Barça en larmes, se veut positif sur sa nouvelle aventure en France.

«Ce clochard, il ne me fait jamais la passe.» C’est en ces termes que Kylian Mbappé a évacué sa frustration à l’encontre de Neymardans des images captées par Canal . Le Français venait d’être remplacé lors d’une victoire contre Montpellier (2-0) et estimait que son compère d’attaque n’avait de cesse de l’ignorer sur le terrain. L’Équipe révèle que Neymar n’a pas compris ni goûté aux envies d’ailleurs de Mbappé plus tôt durant l’été. Les supporters partagent cet avis et ont autant sifflé Mbappé qu’ils ont acclamé Neymar en début de saison.

L’effondrement sur la pelouse du Real Madrid, en 8es de finale de Ligue des champions (défaite 3-1 après une victoire 1-0 à l’aller), ne passe pas auprès des supporters. À leur retour au Parc des Princes contre Bordeaux (victoire 3-0), les joueurs de Mauricio Pochettino sont copieusement sifflés. En particulier Messi et Neymar… alors que Mbappé est épargné, lui qui a marqué les deux buts parisiens face au Real.

Si Messi est fidèle à sa discrétion légendaire, Neymar est, comme à son habitude, assez bavard. Un mois après la déroute face au Real, et alors que les sifflets du Parc ont progressivement faibli, le Brésilien sort du bois. «Ils vont se lasser de siffler parce qu’il me reste encore trois ans de contrat», lâche-t-il au micro d’ESPN. De quoi ajouter un peu d’huile sur le feu.

Lassé du rendement discutable de sa star, souvent blessée, le PSG ouvre la porte à un départ. «Je veux toujours rester au club», jure Neymar fin juillet 2022 lors d’une tournée estivale au Japon. Sous contrat jusqu’en 2027 suite à des prolongations automatiquement activées lors d’un précédent accord, le Brésilien restera à Paris.

Nouvelle désillusion pour le PSG, facilement écarté par le Bayern Munich en 8es de finale de Ligue des champions (0-1, 2-0). Comme c’est désormais la tradition, les supporters parisiens réservent un accueil glacial à leurs joueurs, et surtout à leurs stars. La presse argentine s’offusque des sifflets à l’encontre de Messi, alors en fin de contrat. Le champion du monde n’est que l’ombre de lui-même depuis son sacre au Qatar en décembre. Il est à l’image d’une équipe qui n’a qu’une hâte : que la saison se termine.

La colère des supporters finit par déborder du Parc des Princes. Début mai, des dizaines d’entre eux se rendent à Bougival, devant le domicile de l’attaquant brésilien. «Neymar casse-toi», entonnent-ils. Dans un communiqué, le PSG «condamne avec la plus grande fermeté les agissements intolérables et insultants d’un petit groupe d’individus».

Cela n’a jamais cliqué entre Messi et le Paris Saint-Germain. Lorsqu’il dévoile sa signature à l’Inter Miami, l’Argentin justifie son départ du club francilien : «Je n’étais pas heureux pendant ces deux ans, je ne me suis pas amusé et cela a affecté ma vie de famille. Ma décision est aussi motivée par cela, l’idée de retrouver, entre guillemets, ma famille et mes enfants, et profiter du quotidien.»

Le mardi 15 août, Neymar est transféré du Paris Saint-Germain à Al-Hilal, en Arabie saoudite. Le président parisien, Nasser Al-Khelaïfi, salue «un joueur exceptionnel, l’un des meilleurs au monde» et qui «fera toujours partie de notre histoire».

Le PSG ne fait qu’une bouchée du RC Lens (3-1) sur la pelouse. En tribunes, le Collectif Ultras Paris déploie une banderole en anglais : «Neymar : finally rid of the rude». Ce qu’on pourrait traduire par : «Neymar : enfin débarrassé du grossier» ou du «mal élevé». Outre-atlantique, une banderole identique pour Messi est déployée aux abords du stade de Miami.