«Elles sont la raison pour laquelle j’ai ce trophée aujourd’hui»: après avoir remporté l’US Open, Coco Gauff a rendu hommage samedi aux soeur Venus et Serena Williams, ses idoles d’enfance qui ont ouvert la voie aux joueurs de couleur dans l’élite mondiale du tennis.

Comment avez-vous vécu ce match?Coco Gauff: «Ca ne pouvait pas être plus dramatique. Après le premier set, je suis allée aux toilettes… et je les ai utilisées parce que j’étais nerveuse. En me lavant les mains, je me suis aspergée le visage et me suis dit allez, il faut repartir de zéro . Je suis arrivée pour jouer ce match comme n’importe quel autre match. Je n’étais pas plus nerveuse que ça. Elle, elle jouait un très bon tennis et je savais que ce match serait un casse-tête. Alors je suis vraiment ravie de ce résultat.»

Votre défaite en finale à Roland-Garros en 2022 a été un «crève-coeur», selon vos termes. A quel moment avez-vous retrouvé toute votre motivation ?«Probablement après Roland-Garros cette année (élimination en quarts par Swiatek, ndlr). Je n’ai pas réussi à supporter la pression de devoir refaire aussi bien alors je me suis dit il faut repartir de zéro . Et puis il y a eu Wimbledon, et la défaite (au premier tour) a été très rude parce que je pensais jouer un bon tennis. Aujourd’hui, j’ai joué aussi bien que j’ai pu sur le moment. Elle est très difficile à jouer à cause de sa puissance, elle vous oblige à tout le temps être sur les talons. Et puis à un moment le public est entré en jeu et à partir de là, je savais que j’allais le ramener (en montrant le trophée)».

Et dans cet US Open, à quel moment avez-vous commencé à croire au titre ?«Pas avant hier soir (vendredi à la veille de la finale, ndlr). J’y ai pensé, mais je me suis obligée à me retirer cette pensée de la tête, parce que c’est ce qui m’était arrivé à Roland-Garros (en 2022). Alors j’ai appelé mon petit ami et nous avons parlé jusqu’à ce qu’il soit l’heure de dormir, à 1h du matin. Quand j’ai perdu le premier set, j’avais toujours la sensation d’être dans le match et je me suis dit qu’il était temps de tout donner et arrive ce que pourra. Mais si on remonte plus loin, à treize ou quatorze ans, j’ai joué l’US Open juniors, j’ai regardé la finale hommes et là, je m’y suis vue. Et puis il y a eu cette finale à Roland-Garros en 2022 où j’ai regardé Iga soulever le trophée, je ne l’ai pas quittée du regard parce que je voulais savoir ce que ça lui faisait. Et aujourd’hui, j’ai ressenti une folie en soulevant moi-même le trophée.»

Comment avez-vous supporté la pression de toutes les attentes qui pèsent sur vous depuis l’âge de 15 ans ?«Ca n’a pas été facile. La route a été longue pour en arriver là. Je n’étais pas une joueuse complète et je ne pense pas l’être tout à fait encore. A 15 ans, on voulait que je gagne un tournoi du Grand Chelem. J’avais l’impression d’avoir une limite d’âge à ne pas dépasser pour remporter mon premier tournoi du Grand Chelem et que si je gagnais après, ce ne serait pas un accomplissement. C’est fou tout ce que j’ai pu entendre ou lire sur moi, alors je suis très contente d’avoir réussi à tout gérer».

Venus et Serena Williams étaient vos idoles. Qu’est-ce que ça vous fait d’avoir votre nom à côté du leur sur le trophée ?«C’est fou. Elles sont la raison pour laquelle j’ai ce trophée aujourd’hui. Elles m’ont permis de croire en ce rêve en grandissant. Il n’y avait pas beaucoup de joueurs noirs dans le tennis de haut niveau. Grâce à leur héritage, il y en a plus maintenant. Donc c’est fou et en même temps c’est un honneur d’avoir mon nom à côté du leur. Et en regardant (la coupe), je me rends compte qu’elles l’ont beaucoup gagnée ! (rires)»