Il était déjà là, deux ans plus tôt, assis au même endroit dans sa mairie du Havre (Seine-Maritime). À cela près qu’Édouard Philippe arborait à l’époque des cheveux noirs et une barbe encore fournie. Les sourcils, eux aussi, sont tombés depuis sa première apparition dans Sept à Huit. Dans le second portrait que lui consacre l’émission diffusée ce dimanche sur TF1, l’ancien premier ministre s’est confié sur les deux maladies auto-immunes – l’alopécie et le vitiligo – qui ont changé son apparence physique.

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«Maintenant, c’est fini. Normalement ça ne bougera plus», a-t-il assuré, malgré les symptômes visibles qu’il a pris soin de décrire. Depuis qu’il communique sur son état de santé, l’ex-chef du gouvernement a d’ailleurs toujours tenu à dédramatiser ces taches blanches qui grignotent sa peau. «Ce n’est pas grave, ça n’a aucune espèce de gravité (…) J’invite toute personne qui en doute à venir faire de la boxe avec moi», a lancé le quinquagénaire, face à la journaliste Audrey Crespo-Mara.

Nul frein non plus à ses ambitions politiques. «Ça ne m’empêche pas de continuer à réfléchir, à parler, à rire, à séduire peut-être. Ça ne change rien », a-t-il ainsi martelé. Et d’ironiser : «J’ai coutume de dire que si les Français se disent qu’il faut impérativement que les candidats aux élections aient de longs cheveux, je n’ai aucune chance.» Pour l’heure, le patron d’Horizons peut se targuer d’avoir été désigné dans une récente enquête OpinionWay comme le plus à même de fédérer la droite et le centre en 2027. Une bonne nouvelle très vite relativisée par Édouard Philippe, qui en appelle au souvenir de son mentor : «Quand on a travaillé avec Alain Juppé, on sait la valeur que l’on doit accorder au caractère prédictif des sondages : c’est une valeur quasi-nulle.»

C’est avec la même réserve que l’ancien premier ministre aborde ses relations, décrites parfois comme tendues, avec Emmanuel Macron. «Il est le président de la République, moi je suis le président d’un parti politique. J’essaie de faire en sorte que mon pays aille mieux», a-t-il tranché. Lors d’un bain de foule en Nouvelle-Calédonie courant juillet, le chef de l’État l’avait pourtant qualifié d’«ami», ouvrant même la voie à ses compagnons de route, dont fait partie Édouard Philippe, pour «prendre le relais» en 2027.

«Quand vous avez un président et un premier ministre, leurs relations ne se placent pas sur le registre de l’amitié», a d’abord tempéré l’édile du Havre. Et de reprendre, un brin plus enjoué : «Quand on se voit, on passe toujours des bons moments. J’ai été heureux qu’il le dise et qu’il le pense.» L’ex hôte de Matignon semble en tout cas lever peu à peu le voile sur ses velléités présidentielles. «La vocation d’un parti politique, c’est de conquérir le pouvoir démocratiquement», a reconnu sans ambages le président d’Horizons, qui compte 20 000 adhérents. Avant de balayer d’un simple «on verra» sa possible candidature en 2027. «Ceux qui vous disent qu’ils n’y pensent jamais vous racontent des cracks», a-t-il rétorqué à l’évocation de la course à l’Élysée.

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Il n’empêche, Édouard Philippe préfère pour l’instant jouer la carte du surplomb. Celui qui a raréfié sa parole se garde bien de commenter publiquement l’action du gouvernement qu’il a quitté en juillet 2020. L’ex-membre de l’UMP a néanmoins salué la décision «saine» du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, d’interdire l’abaya dans les établissements scolaires. «C’est un débat qui a été tranché en 2004 par Jacques Chirac, quand on s’est posé de savoir si on autorisait le voile à l’école, a-t-il rappelé. L’abaya, c’est un signe aussi distinctif qui s’inscrit dans cette logique.» Dans son dernier livre Des lieux qui disent (Ed. JC Lattès), qui doit paraître le 13 septembre prochain, l’homme politique exprime même son «inquiétude face à un obscurantisme maléfique».

À l’approche du projet de loi sur l’immigration, qui doit être débattu à l’automne au Parlement, Édouard Philippe a également affirmé qu’il «soutiendrait» les mesures portées par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Au premier rang desquelles toutes celles permettant de «simplifier les procédures» et de juger «plus vite les recours». Comme il l’avait déjà exprimé dans L’Express en juin dernier, l’ancien premier ministre a encore appelé à revoir «l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie» qui réglemente la circulation, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens dans l’Hexagone. «La pression migratoire s’inscrit dans une logique totalement différente de celle de l’époque, je ne crois pas que les justifications soient toujours de mise», a-t-il plaidé.