Plus de 48 heures après le séisme historique qui a touché le Maroc, plus de 2500 corps ont été retrouvés dans les décombres. Ce bilan déjà très meurtrier risque de s’alourdir dans les prochaines heures, voire les prochains jours. La course contre la montre pour retrouver des survivants est plus que jamais lancée. Des secouristes volontaires et des membres des forces armées s’activent sur le terrain pour retrouver et extraire les corps des décombres, notamment dans des villages de la province d’Al-Haouz, épicentre du séisme au sud de Marrakech.

«On peut retrouver des personnes vivantes jusqu’à huit jours après la catastrophe», déclare Arnaud Fraisse, fondateur de Secouristes sans frontières. Pour cela, les secouristes sont équipés de matériels sophistiqués. Les sauveteurs disposent d’une «caméra infrarouge qui se glisse dans les interstices des décombres pour retrouver une victime. À travers cet appareil, on peut lui parler pour savoir si elle est consciente», détaille-t-il. Certaines équipes sont accompagnées d’un chien de recherche. «S’il ressent de la vie, on va se polariser sur cet endroit précis.»

Le matériel d’«écoute sonore» est également indispensable. «On le pose sur une pierre puis si le capteur détecte une activité sonore sous les débris, on perfore la pierre pour venir en aide», poursuit-il.

Cependant, les chances de retrouver des survivants sont minces car «les zones de survie sous les débris sont presque inexistantes», déplore Arnaud Fraisse. «Les bâtiments marocains sont construits en terre et ne respectent pas les normes antisismiques. Quand la terre tremble, ils s’effondrent à la verticale et se transforment en poussière. Les victimes prises au piège se prennent donc les poutres du toit en pleine tête ou meurent asphyxiées», explique-t-il.

Son association expérimentée dans ce genre de séisme s’était déjà mobilisée à Antioche après le tremblement de terre en Turquie, en février dernier. «À la différence du Maroc, les immeubles turcs faits en béton s’écroulent sur le côté, ce qui laisse donc plus de chance de survie», compare Arnaud Fraisse.

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Pour l’heure, les équipes de Secouristes sans frontières sont encore en France et attendent le feu vert pour intervenir. La France n’a pas le droit d’envoyer des sauveteurs car le Maroc n’a pas demandé d’aide humanitaire internationale.

Malgré l’interdiction, des équipes de secouristes bénévoles françaises sont parties de leur propre chef. Des pompiers lyonnais bénévoles de l’association Casc Appui sont arrivés à Marrakech, vers 1 heure du matin dimanche. Ils ont rapidement été dirigés à une cinquantaine de kilomètres de la capitale touristique, selon des informations relayées par la préfecture du Rhône. Composée de quatre secouristes spécialistes de sauvetage et recherche, d’un infirmier et d’un spécialiste avec son chien, l’équipe dont le départ a été relayé par la presse locale a embarqué environ 300 kilos de matériel, selon la même source.

À Saint-Étienne, l’association PHF spécialiste de protection civile a envoyé dimanche après-midi une équipe de huit personnes à Marrakech – un médecin, deux infirmiers et trois secouristes – et du matériel, par un vol commercial depuis Lyon. «On a fait le choix d’envoyer dès maintenant une équipe pour être le plus efficace possible. Une fois sur place, on se mettra à la disposition des autorités locales», a déclaré à l’AFP Mathieu Beaugiraud, le vice-président de l’association.

Le séisme survenu tard vendredi soir, de magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.