Intermarché, TotalEnergies, Système U : la plupart des distributeurs de carburant ont annoncé ces dernières heures des efforts sur leurs marges pour tirer les prix de l’essence et du gasoil à la baisse. Il n’aura pas fallu attendre la réunion organisée ce mardi par la ministre de la Transition énergétique pour que les premières annonces affluent. Agnès Pannier-Runacher avait publiquement demandé ce week-end un «effort de solidarité» au secteur sur les prix à la pompe, qui dépasse déjà les deux euros le litre dans certaines stations.
Les mesures des distributeurs ont été largement saluées par le gouvernement. «Je remercie et Total et Intermarché de prendre leurs responsabilités, et j’attends des autres fournisseurs et distributeurs de carburants» qu’ils suivent cet exemple, a déclaré la ministre sur RMC mardi matin. Système U a emboîté le pas quelques minutes plus tard.
Le pétrolier TotalEnergies, qui gère un tiers des stations-service en France, a officialisé la poursuite de son blocage des prix à 1,99 euros le litre «au-delà de la fin 2023, tant que les prix resteront élevés». Quant à Intermarché et Système U, leurs dirigeants ont annoncé des opérations de vente des carburants «à prix coûtants» – les derniers week-ends de chaque mois dans les stations-service des magasins Intermarché.
Ces réductions de marge sont en revanche «totalement impossibles» dans les stations-service indépendantes, a prévenu un représentant du secteur interrogé sur France Info. «Il faut faire fonctionner les stations-service, payer les factures d’électricité, l’entretien des matériels, donc la vente de carburants aux stations-service sans marge, ce n’est pas possible, ça n’existe pas», a-t-il poursuivi, martelant qu’une station-service indépendante «ne peut pas vendre sans marge».
Cet «effort» est demandé par le gouvernement alors que l’addition est de plus en plus lourde pour les automobilistes français. Les tarifs à la pompe poursuivent de fait leur très spectaculaire envolée entamée début juillet, d’après les calculs de Fig Data, effectués à partir des données publiques du ministère de la Transition énergétique. Une mauvaise nouvelle qui survient au moment des grandes dépenses de la rentrée scolaire. Et qui n’épargne surtout aucun carburant.
Les marges des distributeurs et des raffineurs que le gouvernement espère voir réduites ne représentent toutefois que quelques centimes d’euros dans le prix du litre d’essence. «L’écart de prix lors de nos opérations à prix coûtant n’est pas bien grand pour le consommateur, un ou deux centimes tout au plus», a déclaré Dominique Schelcher, PDG de Système U, sur France Inter. «Au moment où les prix d’achat sont en train d’augmenter, je rajoute les taxes et je vais moi-même me retrouver à plus de 2 euros le litre», a-t-il ajouté.
La fiscalité pèse pour plus de 60% du prix des carburants en France. C’est pourquoi de plus en plus d’acteurs implorent les pouvoirs publics d’engager une ristourne sur les carburants en baissant les impôts et taxes qui s’appliquent sur ce produit. Mais le gouvernement oppose une fin de non-recevoir. «La ristourne, c’est 12 milliards d’euros pour 10 centimes d’économies. C’est une mesure aveugle et très coûteuse pour un résultat pas hyper probant», a justifié Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, sur CNews mardi matin.