Prudence en cette période d’achat de fin d’année. Le taux de fraude sur les paiements par carte a atteint en 2022 son plus bas niveau à 0,99%, mais les techniques de fraude par manipulation se développent, en augmentation annuelle de 27%, a mis en garde jeudi la Banque de France. «C’est un point de vigilance important», explique Alexandre Stervinou, directeur des études et de la surveillance des paiements de la Banque de France, au sujet de ce nouveau type de fraude, dont le montant global est estimé à 340 millions d’euros en 2022.
Le plus souvent, la manipulation se traduit par une usurpation d’identité: «le fraudeur se fait passer pour le conseiller bancaire de la personne ciblée et lui demande de communiquer ses identifiants bancaires», explique Julien Lasalle, adjoint d’Alexandre Stervinou. La sécurité apportée par les mécanismes informatiques sophistiqués tels que la double authentification est ainsi contournée. «C’est l’une de nos principales difficultés aujourd’hui», insiste-t-il.
La manipulation permet ainsi d’obtenir des données personnelles, voire les informations bancaires nécessaires à une transaction à l’insu des victimes, qui appartiennent à «toutes les catégories socio-professionnelles», assure Julien Lasalle. Pour lutter contre ce phénomène, les opérateurs téléphoniques pourraient être un levier important, en permettant d’authentifier l’origine d’un appel malveillant et éventuellement de le bloquer.
La loi Naegelen, votée en 2020, est d’ailleurs censée encadrer le démarchage téléphonique et réduire «l’espace des possibles» pour les fraudeurs, selon l’expression d’Alexandre Stervinou. Mais la Banque de France déplore dans son rapport publié jeudi «des retards» dans son application, «en raison d’une complexité technique élevée».
L’institution parle d’une «urgence» à mettre en place «un mécanisme de protection des numéros sensibles du secteur des paiements dans une approche associant banques et opérateurs». En attendant, la Banque de France met en avant «l’attitude prudente» à adopter pour se protéger des fraudeurs. «Personne n’a à vous demander votre numéro de compte au téléphone», a martelé Alexandre Stervinou. Au global, la Banque de France a dénombré 7,2 millions de transactions frauduleuses en 2022, pour un montant qui atteint 1,2 milliard d’euros, tous types de fraudes confondus.