Alors que certains de ses coéquipiers ont connu un sérieux retard à l’allumage après la Coupe du monde, Damian Penaud continue, lui, de signer des performances éclatantes et d’empiler les essais. Dragster lancé à pleine vitesse. L’ailier du XV de France, encore étincelant le week-end dernier contre Bristol, a en effet inscrit son neuvième essai en six matches avec l’Union Bordeaux-Bègles. Face aux Anglais, il a tout simplement été intenable : 130 mètres parcourus en 11 courses, 6 franchissements, 8 défenseurs effacés, 9 passes plus 2 après contact et une décisive. En forme internationale.
Récemment, son coéquipier, le demi de mêlée Maxime Lucu, confiait sur le phénomène qui a éclos à Clermont : «Il y a des essais à son image, avec beaucoup de réussite, et d’autres où il est au soutien ou servi sur un plateau. Il faut le servir dans les meilleures conditions, aujourd’hui on l’a fait du mieux qu’on pouvait et quand Damian a les ballons et les espaces, c’est un des meilleurs ailiers du monde. On est très heureux, pour nous, c’est une plus-value.»
Au sein d’une équipe girondine portée résolument vers l’offensive, celui qui est surnommé «Cheval», pour ses foulées de grand échalas (1,92 m) et ses appuis ravageurs, donne la pleine mesure de son talent. Contre Perpignan, il avait signé un superbe doublé fin novembre (en seulement une mi-temps !) mais il refusait de tirer la couverture à lui. «Ça reste anecdotique, je suis le dernier donc forcément je ne vais pas faire la passe à la touche, plaisantait-il au micro de Canal . Mais oui c’est cool, les gros ont fait un gros boulot, on a bien joué, on s’est bien trouvé derrière, il y a eu beaucoup de bonnes choses. On a eu des automatismes et on va retenir cela.»
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Depuis le Mondial, Damian Penaud est inarrêtable. Déjà, lors de la compétition planétaire organisée en France, il avait terminé meilleur marqueur d’essais de la première phase avec six réalisations en trois matchs. Son doublé face aux Italiens (60-7) lui avait permis de dépasser Philippe Saint-André puis Vincent Clerc pour se rapprocher à trois essais seulement du record en équipe de France, détenu par Serge Blanco (38). Un rythme infernal avec les Bleus : en 2023, l’ex-Jaunard a aplati 14 fois lors de ses onze rencontres disputées avec les Bleus. Avant de rester muet en quarts face aux Springboks, il avait inscrit au moins un essai lors des sept derniers matchs.
Son arrivée en Gironde s’est passée à merveille. Pas de temps d’adaptation nécessaire. À l’UBB, il a retrouvé des visages familiers qu’il côtoie en équipe de France, Maxime Lucu donc, mais aussi Matthieu Jalibert et Thibault Giroud, l’ancien préparateur physique des Bleus. «Damian, on le connaît tous : c’est un joueur qui est capable de faire des différences, qui pèse beaucoup dans un groupe. C’est un grand finisseur qui sent vraiment les coups. On voit déjà ce qu’il peut nous apporter sur les premiers matches qu’il a joués avec nous : quand il touche le ballon, il se passe toujours quelque chose, apprécie Jalibert dans les colonnes de Sud Ouest. C’est toujours important d’avoir des joueurs derrière capables de faire des différences et on attend de Damian qu’il prenne le jeu à son compte et qu’il fasse la différence comme il a pu le faire en équipe de France et avec Clermont.»
Et l’ouvreur international de confier : «Je le sens très à l’aise, il s’est hyper vite intégré, il a tout le temps le sourire et a l’air épanoui et heureux. Et sur le terrain, il est performant.» Un atout de poids pour le XV de France qui va rapidement se rassembler pour préparer le prochain Tournoi des six nations. Avec son côté grand gamin, éternel déconneur. «Il a besoin d’amener cette insouciance, cette fantaisie. C’est son mode de fonctionnement et ça lui va bien, nous confiait récemment Cédric Heymans, l’ancien ailier international. C’est pour ça que je le compare à un artiste. S’il est bien comme ça et qu’il est bon, on n’a rien à lui dire. On a juste besoin qu’il soit bon et efficace dans ce qu’on lui demande.» Une chose est sûre : il n’a pas perdu ni son efficacité ni sa joie de vivre à l’UBB.