Pierre-Louis Barassi a participé à la Coupe du monde. Pas la dernière, celle de 2019 au Japon où il avait été appelé en cours de compétition pour suppléer Wesley Fofana. Depuis, il était «sorti de sa zone de confort», selon ses propres termes, en quittant Lyon pour Toulouse. Et pourtant, il ne compte toujours que trois sélections avec le XV de France. Comme quand il avait débarqué chez les Rouge et Noir l’an dernier. La faute à des blessures à répétition qui ont ralenti la progression de celui qui était présenté, il y a peu, comme un grand espoir du rugby français.
L’an passé, déjà, alors qu’il revenait à son meilleur niveau, il avait été touché aux ischio-jambiers lors de la déroute face au Leinster, en demi-finale de la Champions Cup (41-22). Au bout seulement d’un petit quart d’heure de jeu. Alors qu’il n’était pas vraiment dans les petits papiers de Fabien Galthié et de son staff, cela avait définitivement mis fin à ses espoirs de participer à la Coupe du monde en France. Certes, il partait de trop loin, mais que de temps perdu… Quelques mois plus tard, retour de flamme. Celui qui avait été élu révélation du Top 14 en 2019 a retrouvé des couleurs. Rouge vif. Bien saignant.
Le natif de Célestat – où son père avait été handballeur professionnel – a démarré la Champions Cup sur les chapeaux de roues. Deux matches étincelants face aux Blues de Cardiff (52-7) puis contre les Harlequins (19-47), en signant un doublé (7e et 51e) au Stoop Stadium. Un retour au premier plan après des mois de galère et, sûrement, de doutes. Pour sa première saison à Toulouse, il a eu du mal à répondre aux attentes placées en lui. Il était arrivé sur la pointe des pieds, déclarant peu après son arrivée en Haute-Garonne : «Mon but n’est pas de devenir la star de l’équipe. Il y a énormément de grands noms à Toulouse et ils sont mis en avant de manière tout à fait normale. Ils le méritent plus que les autres. Personnellement, je n’y vois aucun point négatif.»
L’ancien champion du monde U20 (en 2018, le premier des trois sacres) aborde donc sa deuxième saison sous les ordres d’Ugo Mola sans pression particulière. «Ce début de deuxième saison, je l’appréhende comme un début de saison normal. Je suis maintenant depuis plus d’un an dans cet effectif, je fais mon maximum pour apporter ma pierre à l’édifice. Donc je ne me prends pas la tête spécialement et je ne me mets pas forcément d’objectif particulier, juste apporter le meilleur de moi-même, que ce soit sportivement, humainement, tous les jours pour faire avancer l’équipe et gagner les matchs», confiait-il récemment à nos confrères de France Bleu Occitanie .
Son association Pita Ahki a fait des dégâts en Champions Cup, reste désormais à confirmer sur la durée. Encore et encore. L’an dernier, l’ancien Lyonnais avait expliqué à Midi Olympique qu’en signant au Stade Toulousain, il souhaitait «élargir (sa) palette rugbystique» : «J’ai conscient que le rugby pratiqué ici est très offensif. Ce qui fait la différence, si on veut réussir à mettre ce jeu en place, c’est sur des détails techniques : des passes et des courses parfaites par exemple.» Cela s’est brillamment vu lors de ses dernières orties.
Mais la concurrence est rude à son poste, encore plus qu’ailleurs. Difficile de s’intégrer sur la durée dans la rotation toulousaine. «Mes objectifs personnels, c’est de m’amuser tous les jours au Stade Toulousain, c’est de donner le meilleur, de continuer, de progresser au sein du groupe, mais aussi individuellement, poursuit-il. J’ai envie d’apporter ma pierre à l’édifice, encore plus cette année. J’ai envie d’être encore plus important pour l’équipe, de prendre du plaisir et d’amener vraiment le meilleur de moi-même pour faire avancer cette équipe.» Avant de repenser à l’équipe de France. Et au temps perdu en route.