La sortie de l’album remonte à 1991, mais Spencer Elden espère toujours mordre l’hameçon. L’homme, dont une photo à l’âge de quatre mois ornait la couverture de l’album Nevermind , le plus grand succès de Nirvana, avait engagé en août 2021 une procédure judiciaire à l’encontre des anciens membres du groupe de rock.
L’avocat de Spencer Elden, estimait que la pochette d’album pouvait être considérée comme «de la pédopornographie commerciale» et que son emploi n’aurait jamais fait l’objet d’un contrat en bonne et due forme. Le plaignant réclamait alors 150.000 dollars (environ 135.000 euros) aux deux membres vivants de Nirvana – Krist Novoselic et Dave Grohl -, au photographe du cliché Kirk Weddle ainsi qu’à Courtney Love, la veuve de Kurt Cobain.
Nevermind est considéré comme l’un des albums les plus marquants du début des années 1990. Avec plus de 30 millions d’exemplaires écoulés, l’album et son iconique jaquette au bébé nageant dans la piscine comptent parmi les plus connus. La photographie est considérée depuis sa sortie comme une critique du capitalisme et du culte de l’argent.
«Ni Spencer ni ses tuteurs légaux n’ont jamais signé la moindre décharge autorisant l’utilisation des images de Spencer ou de son effigie, et encore moins de matériel pédopornographique», affirme la plainte déposée il y a deux ans en Californie. Pour son avocat, le cliché immortalisé en 1991 par Kirk Weddle est explicitement sexuel puisque le bébé y apparaît nu. En janvier 2022, la plainte a cependant été rejetée par Fernando M.Olguin, le juge en charge de l’affaire à Los Angeles.
Le dossier avait été classé parce que le plaignant n’avait pas répondu en temps voulu aux arguments. Le juge avait tout de même laissé dix jours à Spencer Elden pour reformuler une plainte, ce qu’il a fait. Il réclamait toujours 150.000 dollars de dommages et intérêts mais cette fois, à l’encontre de 17 personnes. Finalement, en septembre 2022, la justice américaine a déclaré que le plaignant avait attendu trop longtemps avant de se manifester.
La question a été portée devant la cour d’appel fédérale de San Francisco qui en a jugé autrement. Les trois juges saisis ont annulé, jeudi 21 décembre, la précédente décision en estimant que «chaque nouvelle publication (…) peut constituer un nouveau préjudice corporel» dans le cadre d’une plainte pour pédopornographie. La cour d’appel de San Francisco ne s’est cependant pas prononcée sur le fond, laissant le soin à un nouveau procès devant un tribunal fédéral de juger si cette photographie relève bien de l’«exploitation sexuelle d’un mineur» comme le défendent les avocats de Spencer Elden.