Après avoir annoncé sa volonté de s’en séparer il y a près d’un an, Danone a achevé ce week-end la cession de deux de ses deux marques de produits laitiers bios aux États-Unis, Horizon Organic et Wallaby. Connues outre-Atlantique pour leurs crèmes à café, yaourts, fromage et beurre, celles-ci seront cédées au fonds américain Platinum Equity, qui gère 47 milliards d’euros d’actifs, pour un montant tenu secret, a annoncé le groupe mardi matin. Avec un peu plus de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires (soit 3% du chiffre d’affaires total de Danone), ces deux marques avaient été héritées du rachat à grands frais en 2017 par Danone du géant des produits végétaux et bio WhiteWave.
Mais dans un contexte moins porteur pour les produits laitiers de base (lait, yaourts…), même labellisés bio, ils peinaient à atteindre les taux de rentabilité du groupe. De quoi les placer en bonne place dans la liste des actifs non stratégiques à céder. C’était l’un des grands leviers du redressement définis par Antoine de Saint-Affrique, le directeur général de Danone lors de la présentation de son plan stratégique en mars 2022. Ce dernier estimait à environ 1 milliard d’euros le périmètre de ces actifs laitiers sous-performants.
«Horizon Organic et Wallaby ne font pas partie des segments de croissance prioritaires de Danone», avait expliqué à l’époque le patron du géant connu pour ses marques Danette, Danone, Alpro, Activia ou Actimel. «Cette cession (…) nous permettra de nous concentrer davantage sur notre portefeuille de marques fortes, centrées autour de la santé, et de réinvestir dans nos segments de croissance prioritaires», a ajouté le dirigeant ce mardi.
Même si le groupe ne s’interdit pas d’autres ventes d’actifs non stratégiques – ou des cessions d’opportunités – cette nouvelle étape lui permet d’atteindre peu ou prou son objectif d’élaguer les 10% de son portefeuille composés d’activités non prioritaires. Une fois la cession américaine finalisée, il sera à 9%.
Depuis l’arrivée de son nouveau capitaine il y a un peu plus de deux ans, Danone s’est ainsi désengagé partiellement de ses eaux en Argentine et a coupé définitivement il y a 18 mois ses liens capitalistiques avec le spécialiste des produits laitiers chinois, Mengniu.
Quelques mois plus tard à l’automne 2022, Danone annonçait vouloir céder ses actifs laitiers et d’origine végétale en Russie (5% de son chiffre d’affaires). Une sortie transformée en casse-tête après la nationalisation forcée en juillet dernier par Moscou des actifs russes du groupe français. Début décembre, le groupe est enfin entré en négociations exclusives avec l’italien Ferrero pour lui céder sa marque de biscuits Michel
Couplé à la relance de l’innovation et à la focalisation sur l’opérationnel, ce nettoyage du portefeuille a commencé à porter ses fruits. Depuis l’automne, les volumes des produits laitiers et végétaux de Danone (53% de son activité) s’améliorent doucement, limitant leur chute entre 2 et 3% sur un an. Et le groupe, aidé par les hausses de prix passées pour compenser l’inflation de ses coûts, a renoué depuis sept trimestres avec la croissance.
Bien engagé dans cette voie du redressement pour lequel il se donnait jusqu’en 2024-2025, le groupe pourrait désormais se montrer plus offensif sur les acquisitions et la croissance rentable. Un point attendu par les marchés pour l’année juste entamée, même si les investisseurs ont déjà salué le retour à meilleure forme de Danone avec une hausse du titre de près de 20% en 2023. Ces premiers jalons posés, Antoine de Saint-Affrique détaillera au printemps les domaines ou zones privilégiés de croissance externe, et les pistes pour accélérer la relance du groupe.
Depuis son arrivée ou presque, l’artisan de la révolution silencieuse de Danone n’a fait que peu mystère de ses ambitions pour le groupe dans la santé ou dans des régions où il reste sous-représenté comme l’Afrique ou l’Inde. En avril, Danone a ainsi racheté une petite activité de soins et de nutrition à domicile en Pologne (Promedica). Avant d’investir 50 millions d’euros, toujours en Pologne, dans son usine locale de nutrition médicale à Opole. Peut-être le prélude à une année 2024 plus gourmande après la cure de minceur des deux dernières années.