Durant les fêtes de fin d’année, la rédaction des sports du Figaro vous livre une série sur les «braqueurs» de l’année sport, ces personnalités ou entités pas forcément attendues et qui ont fait parler en 2023. Ce jour, Bilal Coulibaly.

Pour trouver le «braqueur» de l’année 2023 en matière de basket, pas besoin de chercher trop loin. Bilal Coulibaly a débuté la saison dernière au sein de l’équipe Espoirs de Boulogne-Levallois, avec peu d’attentes autour de lui. Et certainement pas celle de s’imposer comme un titulaire indiscutable chez les Mets, vice-champions de France. Évidemment, tous les yeux étaient tournés sur Victor Wembanyama, mais le jeune (19 ans) ailier français s’est vite fait une place au soleil, à la surprise générale. Y compris celle de Vincent Collet, qui n’avait pas imaginé une telle trajectoire pour son joueur. Les projecteurs braqués sur «Wemby» ont servi au natif de Saint-Cloud, c’est clair. D’autant que son illustre coéquipier n’a pas manqué de faire sa promotion. Mais très honnêtement, Bilal Coulibaly n’a besoin de personne pour attirer l’attention sur lui, ses qualités, ce qu’il peut apporter sur un terrain de basket.

Les scouts de Washington sont tombés sous le charme en le sélectionnant à la septième place de la dernière Draft (via Indiana), ce qui aurait été un record pour un Français sans Wembanyama. Et depuis ? Même chose qu’à Boulogne-Levallois. Arrivé sur la pointe des pieds, Coulibaly a fait son trou au fil des semaines. Le voilà désormais titulaire avec les Wizards, avec plus de 25 minutes par match et près de 9 points, 4 rebonds et 2 passes décisives.

«Je me sens chez moi à Washington, je suis à l’aise. Rien à dire. Je suis très bien intégré. C’est cool», souriait encore récemment l’intéressé, sur beIN SPORTS. On a vu cela. «En début de saison dernière, qui aurait imaginé qu’il pouvait être un joueur majeur d’une équipe NBA ? Personne. En tout cas, certainement pas moi, s’amuse le consultant beIN Chris Singleton, pour Le Figaro. Il a ce profil que la NBA aime, rapide, vertical, la course, et il est rentré dans la bonne équipe et avec la bonne mentalité. Il a su se rendre indispensable d’abord et avant tout sur le plan défensif. Il n’est pas du tout arrivé en NBA en disant « je veux être comme (Kyle) Kuzma » ou je ne sais qui d’autre et marquer des points. Sa valeur, c’est ça, et ça s’est très bien passé en termes d’intégration. Et là, on l’a mis dans le cinq majeur, il a beaucoup de temps de jeu et c’est un grand succès pour lui, une bonne surprise». Une divine surprise. Et ce n’est sans doute pas fini au vu de la marge de progression de ce gamin qu’on voit progresser de match en match, de semaine en semaine.

«Malheureusement, il faut parfois payer le prix pour avoir du temps de jeu. En l’occurrence, il évolue dans une mauvaise équipe», poursuit Singleton, en évoquant ces «catastrophiques» Wizards mais relevant que Coulibaly «a la bonne approche, il fait son travail, il se met en valeur notamment défensivement et progressivement, il met le nez à la fenêtre au scoring. Il gagne en crédibilité à chaque sortie !». Les États-Unis sont sous le charme.

À l’image de «Wemby», qui enchaîne aussi les défaites avec San Antonio, Bilal Coulibaly prend son mal en patience. «Je n’aime pas perdre mais comme je le dis souvent, c’est une équipe en reconstruction. Ça prendra du temps mais on est une équipe jeune et talentueuse. Quand on aura compris ce qui nous manque, on sera vraiment bon», jure-t-il. Une chose est sûre pour Chris Singleton : la trajectoire singulière et la progression express de l’ailier francilien montrent «que c’est un joueur qui apprend vite, qui sait analyser ce qu’il faut pour être dans le mouvement. Il continue à travailler, à renforcer ses points faibles et à appuyer sur ses points forts. C’est la bonne recette».

Une recette qui pourrait bien ouvrir les portes de l’équipe de France à Bilal Coulibaly. Et ce dès l’été prochain. Vincent Collet ne cache pas qu’il avait déjà pensé à lui pour la Coupe du monde l’été dernier, avant de faire d’autres choix. Pour les Jeux olympiques de Paris, la donne sera très probablement différente. Et personne ne serait étonné de voir cet ailier en mode couteau-suisse être de la fête à Lille et Paris. En tout cas, Coulibaly ne fait pas le timide quand il est question d’évoquer les grands Bleus. «Mes objectifs ? Individuellement, continuer à m’améliorer, et collectivement, j’espère qu’on va commencer à gagner. Après, il y a d’autres objectifs comme les JO… Dans un coin de la tête ? Bien sûr. Ce serait cool». De là à imaginer que Coulibaly sera dans la course pour notre «titre» de «braqueur» de 2024, il n’y a qu’un pas.